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ciser les paroles ; il en est de même dans le second des deux vers suivants :

Je l’aime, non point tel que l’ont vu les enfers,
Mais fidèle, mais fier, et même un peu farouche.

(Racine, Phèdre)

Classification des voyelles. — Au moment d’étudier les voyelles en tant qu’elles ont une valeur propre et une signification particulière, il est bon de se rappeler que les phonèmes, ainsi qu’on l’a vu dans ce qui précède, ne sont expressifs qu’en puissance et n’expriment réellement quelque chose que si l’idée qu’ils recouvrent est susceptible de mettre en lumière leur pouvoir expressif.

Les voyelles sont des notes variées qui par leur timbre et leur qualité impressionnent diversement notre oreille : les unes sont des notes aiguës, les autres des notes graves, les unes sont des notes claires, les autres des notes sombres, les unes sont voilées, les autres éclatantes. Ces distinctions qui, sous l’influence de la musique, ont pénétré dans le langage courant, sont assez exactes, mais elles ne fournissent qu’une classification vague et flottante. On peut la préciser en se fondant sur le point d’articulation et le mode d’articulation des voyelles, d’où résultent justement leur timbre et leur qualité.

Les voyelles claires sont celles dont le point d’articulation est situé vers la partie antérieure du palais, à savoir i, u, é, è, eu fermé et la voyelle nasale in ; parmi elles on peut mettre à part sous le nom d’aiguës les deux qui sont les plus fermées et se prononcent le plus en avant, i et u. Les voyelles graves sont toutes les autres, qu’elles se prononcent vers la partie posté-