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Page:Grammont - Petit traité de versification française, 1908.djvu/116

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ténu, doux et léger, c’est-à-dire d’une manière générale les objets ténus, petits, légers, mignons :

Je suis l’enfant de l’air, un sylphe, moins qu’un rêve,
Fils du printemps qui naît, du matin qui se lève,
L’hôte du clair foyer durant les nuits d’hiver,
L’esprit que la lumre à la rosée enlève,
Diaphane habitant de l’invisible éther.

(Hugo, Le Sylphe)

Il n’est pas hors de propos de noter que dans ce passage toutes les rimes assonent en è. Dans les exemples suivants il s’agit d’un mouvement léger, rapide, d’un élan réel ou imaginaire ; la rapidité est en effet de même nature que la légèreté :

...........Oh ! si j’avais des ailes
Vers ce beau ciel si pur je voudrais les ouvrir.

(Musset, Rolla)

Je les tirai bien vite et je les lui donnai.

(id., Une bonne Fortune)

Enfin grâce à leur légèreté et à leur douceur, les voyelles claires sont particulièrement désignées pour exprimer des idées légères, gaies, riantes, douces, gracieuses, idylliques :

Des lapins qui sur la bruyère
L’œil éveillé, l’oreille au guet,
S’égayoient, et de thym parfumoient leur banquet.

(La Fontaine, Fables)

Les passereaux joyeux chantaient sous ma fenêtre,
Les fleurs s’ouvraient, laissant leurs parfums fuir aux cieux,
Moi, j’avais l’âme en joie, et je cherchais des yeux
Tout ce qui m’envoyait une haleine si pure,
Et tout ce qui chantait dans l’immense nature.

(Hugo, Les Burgraves)