Page:Grammont - Petit traité de versification française, 1908.djvu/118

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Comme les voyelles claires servent à peindre des objets petits, mignons, délicats ou des scènes gracieuses, les voyelles graves et particulièrement les éclatantes conviennent à la description d’une scène grandiose, d’un personnage puissant ou majestueux :

Qu’est-ce que le Seigneur va donner à cet hOmme
Qui, plus grANd quE CésAr, plus grANd mêmE quE ROme,
AbsOrbE dANs sON sOrt lE sOrt du gENre humain ?

(Hugo, Napoléon II)

Car c’est lui qui, pareil à l’antique EncelAde,
Du trÔne universel essayA l’escAlAde,
Qui vingt ANs ENtAssA,
REmuANt terre et cieux Avec unE pArOle,
WAgrAm sur MArENgO, ChAMpAUbert sur ArcOle,
PéliON sur OssA !

(Hugo, À la Colonne)

Les voyelles sombres. — Les voyelles claires servant à peindre un bruit clair, les voyelles éclatantes un bruit éclatant, les voyelles sombres peignent bien un bruit sourd, comme dans le mot sourd lui-même, comme dans ronron, bourdon, grondement, ronfler, rauque, etc. :

Elle écOUte. UN bruit sOUrd frAppE les sOUrds échOs.

(Hugo, Orientales)

Avec des grONdEmENts quE prOlONge UN lONg rÂle.

(Heredia, Bacchanale)

Et fONt tOUsser lA fOUdre EN lEUrs rAUquEs pOUmONs.

(Hugo, L’Année terrible)

On a vu dans le paragraphe précédent quelques sombres entremêlées aux éclatantes sans modifier sensiblement la note ; c’est que les unes et les autres sont des graves. De même ici l’on trouve des écla-