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Page:Grammont - Petit traité de versification française, 1908.djvu/121

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Les consonnes momentanées. — Les consonnes momentanées, p, t, c (dur), b, d, g (dur), frappant l’air d’un coup sec, sont aptes à saccader le style par leur accumulation. Elles peuvent donc contribuer, ainsi qu’on l’a entrevu au début de ce chapitre, à l’expression d’un bruit sec et répété, comme dans les mots tinter, tintamarre, clapotis, cliquetis, tic-tac, cric-crac, claquet, crépiter, etc. :

 … et l’homme,
Chaque soir de marché, fait TinTer Dans sa main
Les Deniers D’argent Clair Qu’il raPPorTe De Rome.

(Heredia, Hortorum deus)

Les flèches font sur moi le PéTillement grêle
Que Par un jour D’hiver font les Grains De la Grêle
Sur les Tuiles D’un Toit.

(Gautier, Qui sera roi ?)

Au lieu de bruits secs on peut avoir à peindre des mouvements secs ou saccadés :

TanDis Que Coups De Poing TroTToient.

(La Fontaine, Fables)

Que ne l’étouffais-tu, cette flamme brûlante
Que Ton sein PalPiTant ne Pouvait ConTenir ?

(Musset, À la Malibran)

Au point de vue moral, les saccades de ce genre peuvent contribuer à l’expression de divers sentiments, tels que :

1o L’ironie âpre et sarcastique :

Dors-Tu ConTent, VolTaire, et Ton hiDeux sourire
VolTige-T-il enCore sur Tes os Décharnés ?
Ton sièCle éTait, DiT-on, Trop jeune Pour Te lire ;
Le nôTre Doit Te Plaire et Tes hommes sont nés.