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Imparfaits, conditionnels et subjonctifs. — Dans certains cas l’orthographe s’est conformée à la nouvelle prononciation ; dès le xiiie siècle on rencontre des imparfaits et conditionnels en -oi, -ois, au lieu de -oie, -oies, plus tard -ais : ge volroi, au lieu de je volroie « je voudrais », tu avois, au lieu de tu avoies « tu avais », et le subjonctif soi, sois, au lieu de soie, soies. Une grande classe de formes pouvait par là retrouver place sans difficulté dans l’intérieur des vers. Les poètes ne tardèrent pas y ajouter les troisièmes personnes du pluriel correspondantes : imparfaits et conditionnels en -oient, plus tard -aient, puis le subjonctif soient qui entraîne à sa suite l’autre subjonctif auxiliaire aient. Dans ces troisièmes personnes du pluriel on écrit généralement l’e, mais on ne le compte pas. C’est de la même manière que le mot eau, que l’on trouve déjà comme monosyllabe au xiiie siècle, a continué longtemps encore à s’écrire eaue.

Leur 3e  personne du pluriel. — L’emploi de ces diverses formes, sans en compter l’e pour une syllabe, qu’on l’écrivît ou non, se développa beaucoup au xve siècle ; mais l’autre manière de compter subsista parallèlement jusqu’au milieu du xvie siècle. Enfin, à l’époque classique, l’usage est bien établi de ne jamais compter l’e des imparfaits ou conditionnels en -oient et des subjonctifs soient, aient, si bien que ces formes à la fin des vers font des rimes masculines. Plus tard, quand la finale des imparfaits et conditionnels est devenue -aient, la forme soient reste isolée ; elle ne peut rimer qu’avec des mots comme voient, croient, qui constituent une rime féminine ; sa finale redevient donc féminine à la fin du vers, encore