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Page:Grammont - Petit traité de versification française, 1908.djvu/24

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place des autres est variable. N’importe quelle coupe peut permettre une très légère pause, mais il est rare qu’on en fasse une dans l’intérieur du vers, même à la coupe fixe, même quand la syntaxe s’y prêterait de bonne grâce. Il est évident qu’il n’y a pas la moindre pause au milieu du vers suivant de Boileau :

Derrière elle faisoit dire Argumentabor.

(Satire X)

Il n’y en a pas davantage dans celui-ci de Racine :

Mais il me faut tout perdre, et toujours par vos coups.

(Andromaque)

puisqu’on prononce per/dr et, avec le groupe dr appartenant à la même syllabe que et. Enfin il peut y en avoir une extrêmement légère dans cet autre :

Veille auprès de Pyrrhus ; fais-lui garder sa foi.

(Ibid.)

Mais, le plus souvent, même dans ce dernier cas, un débit correct n’en admettra aucune. Les coupes sont simplement marquées par le passage d’une tonique à une atone, ou, en outre, quand le sens le demande, par un changement d’intonation. Tel est l’instrument dont le xviie siècle disposait au début ; on verra plus loin ce qu’il en a fait et ce qu’en ont fait les siècles suivants.

L’enjambement. — En même temps que la pause de la césure s’affaiblissait, le repos de la fin du vers était observé avec moins de rigueur. Quelquefois la syntaxe rompait en visière au repos de la fin du vers comme à celui de la césure. Quand une proposition, commencée dans un vers, se termine dans le suivant