Page:Grammont - Petit traité de versification française, 1908.djvu/28

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d’un mot commençant par une voyelle ou une h dite muette, il y a élision :

Elle tombe, elle crie, elle est au sein des flots.

(Chénier)

Jugez de quelle horreur cette joie est suivie.

(Racine)

L’élision en ancien français. — En ancien français l’élision se fait comme en français moderne et n’est pas moins obligatoire, sauf en ce qui concerne certains monosyllabes. L’article le, la, la négation ne de latin non, les pronoms me, te, se, le, la devant le verbe, etc., élident toujours leur voyelle ; mais l’élision est facultative pour les pronoms me, te, se, le, la après le verbe, la négation ne de latin nec, les pronoms ce, que, je, l’article masculin singulier li, la conjonction se de latin si, l’adverbe se ou si de latin sic :

Qu’en dites vos ? que il vos semble ?

(Rutebeuf)

Ne sui-je en vostre baillie ?

(id.)

Et j’ai toz mes bons jors passez.

(id.)

Le pronom le après le verbe. — Dans cet usage de l’ancien français il y a un point qui nous choque à cause des habitudes que nous a données la langue moderne, c’est l’élision du pronom le après le verbe :

Metez l’arrière et vos avant[1].

(Barbazan et Méon)

Cette élision était toute naturelle en ancien

  1. « Mettez-le derrière et vous devant. »