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français de toutes les époques, mais sans rendre compte de sa nature intime, qui s’est profondément modifiée au cours des siècles.

Les plus anciens vers français. — Les premiers qui figurent dans nos plus anciens monuments littéraires sont le vers de 8 syllabes et celui de 10, puis celui de 12. Les autres formes de vers ne sont apparues que plus tard.

Dans tous les vers français la dernière syllabe qui compte est obligatoirement une syllabe accentuée ou tonique. Le vers de 10 syllabes avait une autre syllabe obligatoirement accentuée ; c’était ordinairement le quatrième et quelquefois la sixième ; elle était suivie de la césure. Le vers de 12 syllabes avait aussi une autre syllabe tonique à place fixe et suivie d’une césure, la sixième.

À aucune époque une syllabe atone à la fin d’un vers n’a trouvé place dans le compte des syllabes ; à l’époque ancienne une syllabe atone à la césure ne comptait pas davantage. Ainsi les deux vers suivants, que nous empruntons à la Vie de Saint Alexis (xie siècle), ont le même nombre de syllabes :

A halte voiz | prist li pedre a crider[1].
Quant ot li pe|dre | ço que dit at la chartre[2].

  1. « Le père se mit à crier à haute voix. »
  2. « Quand le père entend ce qu’a dit la lettre. »