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De même ceux-ci qui appartiennent au Voyage de Charlemagne en Orient (xiie siècle) :

L’emperere le vit, | hastivement li dist[1].
Et prenget une cu|ve | que seit grande et parfonde[2].

Le vers de 8 syllabes n’a pas de césure, car il n’y a aucune place à l’intérieur de ce vers où une syllabe atone ne compte pas. Il n’a pas non plus à l’intérieur de syllabe tonique à place fixe ; la quatrième est généralement accentuée :

Fist lo por Dieu, nel fist por lui[3].

Mais ce n’est nullement nécessaire ; elle peut être atone à l’intérieur ou à la fin du mot :

Qui tel exercite vedist[4].
Li perfides tant fut crudels[5].

Enfin, si elle est suivie d’une finale atone, cette dernière compte dans le nombre des syllabes :

Por cui tels cose vient de ciel[6].

Ces quatre derniers exemples sont du xe siècle (Vie de Saint Léger).


  1. « L’empereur le vit, il lui dit aussitôt. »
  2. « Et qu’il prenne une cuve qui soit grande et profonde. »
  3. « Il le fit pour Dieu, il ne le fit pas pour lui. »
  4. « (Il n’y eut jamais personne) qui vit une pareille armée. »
  5. « Le perfide fut si cruel. »
  6. « (Celui) pour qui pareille chose vient du ciel. »