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Page:Grammont - Petit traité de versification française, 1908.djvu/67

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syllabes ont non seulement un accent tonique, mais aussi un accent rythmique, et par conséquent que les vers qui les contiennent ne sont pas des trimètres.

Quelle est la valeur spéciale de ces vers ? Quel genre d’effet produisent-ils ? À peu près le même que les autres tétramètres à césure faible ; mais, de plus, comme la voix donne un accent à un mot qui en prose n’en aurait pas, à un mot souvent dépourvu de toute importance, elle attire l’attention d’une manière extraordinaire sur le mot ou le groupe de mots qui suit :

Une reine n’est pas | reine sans la beauté !

(Hugo, Éviradnus)

Et la lumière était | faite de vérité.

(id., Le Sacre de la Femme)

C’était pour rire. — Ils t’ont | fait bien peur, je parie.

(id., Le Roi s’amuse)

Les vrais trimètres. — Il reste donc pour les vrais trimètres, parmi les vers où la sixième syllabe est étroitement unie par le sens à la septième, avant tout ceux dans lesquels il y a une énumération à trois termes parallèles :

Il fut héros, il fut géant, il fut génie.

(id., Le Parricide)

Ce type est largement représenté chez V. Hugo. On en trouve déjà des exemples au xviie siècle dans les genres secondaires :

Maudit château ! maudit amour ! maudit voyage !

(La Fontaine, Ragotin)