Page:Grammont - Petit traité de versification française, 1908.djvu/80

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Chose étrange ! on apprend la tempérance aux chiens,
Et l’on ne peut l’apprendre aux hommes !

(La Fontaine, Fables, VIII, 7)

Dans la description suivante il y a changement de mètre lorsqu’on passe de la personne à son vêtement :

Sous un sourcil épais il avoit l’œil caché,
Le regard de travers, nez tortu, grosse lèvre,
Portoit sayon de poil de chèvre,
Et ceinture de joncs marins.

(id., XI, 7)

Ailleurs les changements de mètre marquent l’entrée en scène de nouveaux personnages ou correspondent aux diverses phases du développement :

..........lassé de vivre
Avec des gens muets, notre homme, un beau matin,
Va chercher compagnie et se met en campagne.
L’ours, porté d’un même dessein,
Venoit de quitter sa montagne.
Tous deux par un cas surprenant,
Se rencontrent en un tournant.
L’homme eut peur : mais comment esquiver ? et que faire ?
Se tirer en gascon d’une semblable affaire
Est le mieux : il sut donc dissimuler sa peur.
L’ours, très mauvais complimenteur,
Lui dit : Viens t’en me voir. L’autre reprit : Seigneur…

(id., VIII, 10)

Petit vers servant à en introduire un grand. — Enfin il arrive que le poète, pour une idée qu’il désire mettre en relief, éprouve le besoin d’employer, parce qu’il lui semble mieux convenir que tout autre, le mètre même dont il s’est servi pour l’idée précédente. S’il ne change pas de mètre, l’idée nouvelle n’aura pas de relief. Pour attirer l’attention sur elle, il l’introduit par un petit vers rapide, qui a peu de sens