Page:Grammont - Petit traité de versification française, 1908.djvu/83

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tion nécessaire et nos grands poètes lyriques ne se sont pas fait une règle inviolable de cette observance. Un vers isolé est au double point de vue de la syntaxe et du rythme une image réduite de la strophe. Il peut contenir un sens complet ; mais il peut aussi ne renfermer qu’un des éléments d’une période qui se développe en plusieurs vers ; la strophe peut de même n’être qu’une partie d’une longue période qui se déploie en plusieurs strophes ; pour n’en citer qu’un exemple, dans le seul Napoléon II de Victor Hugo, on voit par deux fois une vaste période couvrir jusqu’à quatre et même cinq strophes de ses larges replis. Un vers peut enjamber sur le suivant ; une strophe peut aussi enjamber sur une autre ; ainsi, dans le Jeu de Paume d’André Chénier, la onzième strophe enjambe sur la douzième. Déjà chez Pindare, dont les strophes reposent sur des principes tout différents, il arrivait qu’une strophe, pour produire un effet puissant, enjambât sur la suivante. Enfin, de même qu’un vers peut être composé de mesures toutes semblables ou au contraire variées, de même une strophe peut n’employer que le même mètre d’un bout à l’autre, ou être constituée par la réunion de mètres divers.

L’étendue de la strophe. — Une strophe peut avoir un nombre de vers quelconque ; mais au-dessous de quatre vers il n’y a pas de strophe à proprement parler. Un distique, ou deux vers rimant ensemble, ne fait pas un système ; un tercet dont les trois vers sont sur une seule rime n’en fait pas davantage, et s’ils sont sur deux rimes le système est incomplet.

La disposition des rimes. — Dans toutes les strophes deux principes règlent le groupement des rimes : on