Page:Grammont - Petit traité de versification française, 1908.djvu/88

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sur le moule qu’il a choisi. Il doit s’arranger de façon que dans chacune, prise isolément, tout changement de mètre soit justifiable et même exigé par le sens.

Les strophes et le rythme. — Il semble à première vue que les strophes, surtout lorsqu’elles sont composées de mètres variés et se répètent en ramenant les mêmes mètres dans le même ordre, pourraient être définies : un système rythmique fermé ou complet. Mais en fait aucun poète jusqu’à présent, même parmi les chansonniers, ne semble s’être astreint à rythmer exactement de la même manière les vers qui se correspondent dans deux strophes extérieurement semblables ; ils n’ont pas cherché à y faire tomber les coupes aux mêmes places ni même à en mettre le même nombre. La notion de rythme ne saurait donc entrer actuellement dans une définition de la strophe française.

Les poèmes à forme fixe. — Les poèmes à forme fixe et traditionnelle sont venus jusqu’à nous, pour la plupart, du fond du moyen âge. Beaucoup sont oubliés aujourd’hui et leur description rentre dans le domaine de l’érudition et de la curiosité. Le triolet, le rondel, le lai, le virelai, la ballade, le chant royal, la sextine, etc., ne nous retiendront pas.

Le rondeau. — Le rondeau est moins dédaigné de nos jours ; on en a fait beaucoup au xixe siècle, et comme il a tenu une grande place dans la poésie du xve siècle, du xvie et de la première moitié du xviie, nous en citerons un exemple qui en donne en même temps les règles ; il est de Voiture, qui fut le grand maître du genre :

Ma foi, c’est fait de moi ; car Ysabeau
M’a conjuré de lui faire un rondeau :