Aller au contenu

Page:Grammont - Petit traité de versification française, 1908.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de même les pièces en strophes libres présentent le plus souvent des séries de strophes semblables. D’autres fois ce sont deux strophes différentes qui alternent régulièrement, à l’image des poèmes où un certain mètre alterne continuellement avec un certain autre. Le nombre des combinaisons possibles est illimité. Très souvent aussi le poète emploie la même strophe d’un bout à l’autre de son poème, avec partout la même disposition de rimes et le même groupement de mètres ; ce dernier mode rappelle, avec des éléments plus étendus, les poèmes où l’on ne se sert que d’un seul et même mètre.

Le choix des mètres dans la strophe et des strophes dans le poème. — Le caprice et le hasard n’ont pas plus de rôle à jouer dans les poèmes en strophes que dans les poèmes en vers libres. Le choix des mètres dans une strophe est déterminé par les nuances de la pensée qu’ils doivent renfermer, conformément aux mêmes principes que dans les œuvres en vers libres. Le choix des strophes dans l’ensemble du poème est régi à son tour par des principes analogues. Le ton du poème doit varier comme les sentiments et les événements qui l’inspirent ; chaque strophe reflétant un aspect partiel de la pensée du poète, elle doit par sa forme en faire sentir et en rendre en quelque sorte tangibles les moindres nuances. Enfin ce travail délicat, qui consiste à mouler exactement la strophe sur les détails de l’idée exprimée, est le plus souvent inséparable du travail contraire. Quand le poète adopte une même forme de strophe pour tout son poème ou pour une partie, il doit, lorsqu’il a déterminé cette forme de strophe, modeler les idées qu’il exprime dans chaque strophe