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HEUREUX HASARD

La conscience quiète, il en prit deux et les déboucha par mesure de précaution.

Bien calé sur une chaise, les yeux rieurs, le pan de chemise proprement étalé sur les cuisses, il attira un plat à demi plein et y plongea un morceau de pain arraché à la miche.

— Fouchtre !… c’est du manger d’ rentier !

Il eut une moue de mépris à l’égard de sa patronne, son habituelle cuisinière :

— Elle aime que l’ marc ! c’t’ une fumelle !

Il suça un os avec passion, reniflant en même temps, pour en savourer l’arome.

L’os nettoyé, il le jeta au loin, sur le carreau rouge, soigneusement entretenu par les mains agiles de Mme Cayon.

Hissant un des flacons, il but une large rasade, puis se retournant, essuya ses lèvres au rideau.

Le repas se continua doucement. Joseph engloutit une livre de pain, vida le plat de résistance destiné au souper du soir de la famille et but, sans sourciller, deux litres de vin.