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SEYBUUSE — SEYCHELLES

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SEYBOUSE. Rivière d’Algérie (V. Constantine |dép. de], t. XII. pr 592).

SEYCHALLES. Coin, du dép. du Puy-de-Dôme, arr. de Thiers, cant. de Lezoux ; 712 hab.

SEYCHELLES (Iles), ou SÉCHELLES. Archipel de l’océan Indien. Possession anglaise, une des dépendances de Maurice, archipel d’une trentaine de petites iles, sans compter les récits insulaires, entre les lat. S. 3° 38’ et 5° 45’ et les long. E. 52° 55’ et 53° 43’ ; à 1.120 kil. N.-E. de Madagascar, 1.665 kil. N.-N.-O. de Maurice, à 1.796 kil. E. de Zanzibar, à 200 kil. seulement environ du groupe des Amirantes, au S.-O. La superficie de l’archipel a été évaluée à 264 kil. q., et en 1891, sa population à 16.603 hab. L’ile la plus grande et la plus peuplée est celle, de Mahé (117 kil. q.) ; vient ensuite Praslin, qui a près de 49 kil. q. La densité de la population de ces deux iles est de 100 hab. par kil. q. environ. Silhouette a 23 kil. q., la Digue, 8 kil. q. ; Curieuse, 4 kil. q.

Au point de vue géographique, les Seyehelles sont une dépendance de Madagascar, car elles reposent sur le même socle que la grande ile, dont l’axe montueux se prolonge au delà. « Les principales sont disposées en forme de cercle, comme si elles reposaient sur un atoll immergé d’environ 150 kil. de tour. Les roches émergées des Seychelles ne sont pas uniquement, comme celles de l’archipel Farquhar, de l’ile Providence et des Amirantes, qui les précèdent, composées de masses coralligènes, d’une faible altitude. Les monts cristallins se sont fait jour au-dessus des Ilots. A Mahé un sommet s’élève à 988 m., celui de Praslin atteint 914 m., à Silhouette on voit une cime de 754 m., et ces hauteurs appartiennent à une formation granitique absolument semblable à celle de Madagascar : c’est autour de ces roches primitives que les madrépores et autres animalcules bâtisseurs ont édifié leurs murailles blanches » (E. Reclus).

Le climat des Seyehelles, malgré leur proximité de l’équateur, est assez modéré et agréable, salubre pour les Européens ; les vents alternants du large renouvellent l’air et les eaux. La température dépasse rarement 29° et ne s’abaisse qu’à 26°, 5, mais la nuit, elle tombe, même à 17°. Les pluies à Port-Victoria (ile Mahé) ont donné une moyenne de 2 m ,44 pour les observations de huit années (1891-98). Les cyclones atteignent cet archipel, rarement il est vrai. Ces iles sont fertiles ; la fréquence des pluies y favorise la végétation ; des arbres fort élevés composent les forêts, des cocotiers couvrent les rivages et des iles entières. Quant à leur flore spontanée, elles sont classées par Grisebach avec les autres iles océaniques et comprennent environ 3’i0 espèces, dont une soixantaine endémiques, entre autres trois Pandanus, mais surtout le palmier à éventail, Lodoicea Seychellarum Labil. (V. Lodoicea), dont les fruits à la fameuse noix bilobée ne mûrissent qu’en deux iles, Praslin et la Curieuse. Les botanistes craignent que cette espèce, à aire si restreinte, ne vienne à disparaître. Aussi des mesures de protection ont-elles été prises à son égard. Il n’en reste qu’un taillis de quelques centaines d’arbres à Praslin, ainsi qu’un certain nombre d’individus plus jeunes dans l’ile Curieuse. Parmi les grands et beaux arbres des forêts, on cite le Samaraka, rouge et blanc, le natte (Imbricaria) , le faux gaiac, le sandal, le bois-damier, le latanier (Latania Commersonii Mart.), l’acajou blanc, le veloutier, le manglier (Ter minai la), etc. — La faune ne comporte ici, pour les quadrupèdes, que ceux introduits, tels que les animaux domestiques, les chèvres particulièrement, bœuf, mouton, etc. Les reptiles et les amphibies étaient nombreux à l’époque delà découverte, d’énormes caïmans constituaient un danger pour l’homme, ils ont été détruits ; nuis on a presque détruit aussi les gigantesques tortues de terre, qui existent surtout dans l’archipel d’Aldabra ; on les nourrit aujourd’hui dans des parcs ; elles servent à l’alimentation. Il y a 13 espèces d’oiseaux, dont 13 sont spéciales à l’archipel. Un élève dans les basses-cours ceux d’Europe. Les côtes sont fort poissonneuses, malheureusement infestées de requins. Les insectes sont à peine représentés, une espèce curieuse s’y trouve, Phi/llium siccifolium. — Les iles principales sont peuplées de colons purs ou métissés d’origine européenne plutôt française, venant des Mascareignes, ils parlent le patois créole ; les noirs de la cote orientale d’Afrique, provenant d’esclaves capturés par les vaisseaux anglais réprimant la traite, sont en grand nombre ; ils se sont alliés aux Européens, Hindous, Chinois et Malais. La population augmente, par L’immigration et par l’excédent des naissances : natalité, 36 ° oo ; mortalité, 16,5.

L’administration est confiée à un administrateur, chef civil nommé par le secrétaire d’Etat et muni depuis 1897 des pleins pouvoirs d’un gouverneur, assisté de deux conseils (1838) : d’un conseil exécutif Ami il est le président, avec le juge, le trésorier et l’inspecteur desécoles ; d’un conseil législatif, qui comprend, en outre de ces fonctionnaires, trois membres ordinaires. — II y eut, en 1898, 28 écoles primaires, toutes subventionnées, la plupart dépendant de la mission catholique, les autres de l’Eglise anglicane, fréquentées par 2.427 enfants ; il existe 2 écoles annexes du collège royal de Maurice. Le chef-lieu de l’archipel ou se trouvent les services est situé dans l’ile Mahé et portait le même nom avant que les Anglais ne l’eussent transformé en celui de Port-Victoria (8.000 hab.). L’ile de Mahé, longue de 28 kil. large de 6 à 11 kil., offre des hauteurs, tantôt dénudées, montrant des colonnes basaltiques, tantôt recouvertes d’une superbe végétation. Ses côtes s’élèvent brusquement de la mer. La capitale est au N.-E., au fond d’une baie capable de contenir, dans un havre commode et sûr, bien abrité, un grand nombre de gros navires. Les communications sont assurées par la Compagnie indienne britannique des steamers entre Zanzibar et Bombay et par le service entre Colombo et Maurice, via Seyehelles. Les bâtiments de guerre de toutes nationalités touchent fréquemment à Mahé où l’Amirauté a un dépôt de charbon. Mahé est un port franc. — Les communications télégraphiques avec Maurice via Zanzibar ont été complétées en 1898 ; le câble atterrit aux Seyehelles. Les produits exportés sont l’huile de coco, l’écaillé de tortue, le poisson desséché, les bananes, le manioc, le café, la vanille, etc. En 1898, on constatait un revenu de 790. ’«50 fr., avec 609.962 fr. de dépenses. Les importations étaient de 2.222.602 fr., les exportations de 3.195.95 !) fr.

Histoike. — L’archipel connu des Arabes et desindiens, probablement aussi des Portugais, ne fut révélé à l’Europe que par Lazare Picault (19 nov. 1742), dans un voyage d’exploration ordonné par La Bourdonnais. Il prit possession des iles en 1744, et les nomma iles de La Bourdonnais ; et le port de Mahé, l’ile qu’il avait antérieurement ainsi dénommée, fut appelé Port-Royal. Dans une autre prise de possession pour le roi et la compagnie des Indes, le 1 er nov. 1756, par le commandant Morphey, le nom de l’archipel fut changé en celui des Séchelles. En 1769, Marion Itufrène, commandant la Digue, les explora par ordre du duc de Praslin ; deux noms que deux iles ont conservés. L’astronome Rochon accompagnait cette expédition. C’est alors que Barrey découvrit l’arbre du coco de mer. Signalons l’importation des épices par Poivre, l’immigration de colons de Bourbon (1772) et de quelques déportés de cette ile. Durant les guerres, Mahé était un lieu de refuge précieux pour les navires français, lorsqu’il fut pris, le 17 mai 1795, parle capitaine anglais Newcomhe, du vaisseau l’Orphée. Obligé de capituler, le commandant de Quincy obtint que les iles resteraient à la France, tout en demeurant neutres. Ce fut pour les Seyehelles sous ce régime et sous sa sage administration, une époque de prospérité. De nouveaux déportés survinrent, exilés par le premier consul, en 1800, au nombre de 69, parmi lesquels le trop fameux général Rossignol. Ils fu-