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SALIVE — SALIVES

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ptyaline s’extrait aisément de la salive par l’alcool, ou encore, dans le procédé de Cohnheim, par l’acide phosphorique ordinaire et la chaux. L’action chimique de la salive, en ce qui concerne l’amidon, est toute due à la présence de la ptyaline. Aussi le rôle chimique de ce liquide est-il très faible chez les animaux qui, comme les carnivores, sont presque privés de cet élément, alors que la salive des herbivores, très riche en ptyaline, est très saccharifiante. Cl. Bernard tendait à faire du rôle mécanique de la salive le rôle principal, l’action chimique étant regardée comme secondaire, puisqu’elle manque totalement chez certains animaux, lui tous cas, on a certainement exagéré le rôle chimique de la salive dans la digestion. Nous avons signalé la présence du sulfocyanure de potassium découvert par Tréviranus et Longet ; on ne sait quel rôle il peut bien jouer là. Il manque chez le chien et les herbivores.

Nous venons de considérer la salive mixte, celle qui s’écoule de la bouche ; niais chacune des glandes donne une salive différente et qui doit être étudiée séparément. La salive parotidienne, très fluide et limpide, neutre dans l’abstinence, alcaline au moment des repas, et acide deux heures après ceux-ci (80-100 gr. par vingt-quatre heures) renferme la ptyaline et les différents éléments de la salive mixte, sauf la mucine. (Chez le chien un peu de mucine, pas de ptyaline). La salive cérébrale (V. plusloin). produite par excitation du glosso-pharyngien, est opalescente, au lieu de se prendre en gelée, par la chaleur, comme la salive produite par excitation du sympathique. La salive aublinyualcpeu étudiée chez l’homme, car on n’en peut obtenir qu’une petite quantité, est très visqueuse chez les animaux, très alcaline, très riche en principes fixes (presque 10 °/ ) : c’est celle qui semble fournir le plus de ptyaline. La salive sous-maxillaire, enfin, limpide, filante, renferme de la mucine, et les sels sont abondants quand on considère la salive sécrétée sous l’influence d’une excitation de la corde du tympan, et celle-ci ne renferme pas d’éléments morphologiques, au lieu que ces éléments abondent quand elle est due à l’excitation du sympathique. A en juger par les conditions qui, à l’état normal, provoquent l’hypersécrétion d’une glande plutôt que d’une autre, on peut penser que la salive parotidienne est surtout utile à la mastication, ce sont les mouvements des mâchoires qui en déterminent l’afflux ; la salive sousmaxillaire est surtout provoquée par les saveurs, tandis que l’épaisse salive sublinguale doit surtout servir à agglomérer les aliments mastiqués et à donner de la cohésion au bol alimentaire.

Au point de vue de l’action chimique sur l’amidon, c’est la salive parotidienne qui est la plus active chez l’homme et les rongeurs, elle est peu active chez les ruminants et herbivores, inactive chez les carnivores. Sécrétion salivaire. La sécrétion salivaire est, comme toutes les sécrétions, sous la dépendance du système nerveux, mais il n’en est pas où cette dépendance peut être le mieux démontrée.

En adaptant une canule dans le canal de Wharton sur un chien curarisé et en excitant par un courant électrique le nerf lingual, on voit rapidement la salive de la glande sous-maxillaire couler à flot par la canule, puis l’écoulement cesser avec la fin de l’excitation. Telle est l’ejpérience fondamentale faite par Ludwig en 1851. Plus tard, Czermak constate que l’excitation des filets du sympathique qui se rendent à la glande arrête l’écoulement salivaire déterminé par l’excitation du lingual. Il y a donc des nerfs antagonistes, les uns excito-sécrétoires, les autres inhibito-sécrétoires.

La question s’est trouvée compliquée bientôt. Le lingual est une des branches du trijumeau, mais il reçoit une branche particulière venant du facial, et qui, par suite de ses rapports avec le tympan, a été décrite sous le nom de corde du tympan. Or Claude Bernard a montré que c’étaient les filets de la corde du tympan qui, après s’être accolés quelque temps au lingual et l’avoir quitté pour gagner la glande sous-maxillaire en traversant le ganglion sous-maxillaire, sont les véritables nerfs excito-sécrétoires. L’excitation du lingual avant son anastomose avec la corde ne produit rien ; il en est de même si on excite ce nerf plus bas, après avoir sectionné la corde quelques jours avant ; les filets anastomosés sont dégénérés, il n’y a plus sécrétion. La corde du tympan vient donc du facial et, en excitant ce nerf dans le crâne, on obtient une sécrétion abondante.

L’excitation du sympathique arrête la sécrétion abondante déterminée par l’excitation de la corde ; cependant ce nerf est excito-sécrétoire également, et ce qui le prouve, c’est que l’excitation simultanée du sympathique pendant l’excitation de la corde ne diminue pas la sécrétion salivaire, mais en modifie seulement le caractère (celle-ci est plus épaisse, ce qui tient à ce que l’excitation du sympathique provoque la vaso-constriction), en même temps qu’elle stimule l’activité glandulaire ; c’est encore, et ceci indique bien la nature du rôle du dilatateur, c’est qu’en excitant la corde avant, puis après excitation du sympathique, on a dans le premier cas une salive très aqueuse, dans le second une salive très épaisse.

Au total, la corde du tympan est vaso-dilatatrice et provoque surtout la sécrétion d’eau ; le sympathique est vaso-constricteur et provoque surtout la sécrétion de matières organiques.

La salive sécrétée sous l’influence de l’excitation du sympathique est filante, visqueuse, très opaque, elle renferme beaucoup d’éléments morphologiques et beaucoup de principes solides ; très alcaline, elle contient beaucoup de mucine, et sa sécrétion est de très courte durée, malgré la prolongation de l’excitation. On donne à la salive, ainsi produite, le nom àc salive sympathique. La salive paralytique est celle qui se produit après section de la corde (deux ou trois jours après) du même côté, et aussi, chose singulière, après section de la corde du côté opposé seul. Elle s’écoule d’une façon continue, pour ne s’arrêter que lors de la dégénérescence des nerfs sectionnés, tandis que la glande diminue au point d’avoir perdu la moitié de son poids en un ou deux mois. La salive tympanique ou cérébrale enfin, est celle qui s’oppose naturellement à la salive sympathique : c’est celle qui résulte de l’excitation de la corde seule, elle est extrêmement liquide et diluée, et pauvre en matières organiques.

IL Pathologie. — Au point de vue pathologique, il y a peu à dire sur la salive. En 1830, Donné, dans son mémoire sur l’histoire physiologique et pathologique de la salive, avait cru pouvoir trouver dans l’étudede ce liquide « un caractère précis, matériel et facile à vérifier, propre à distinguer les affections gastriques, de nature inflammatoire, de celles qui reconnaissent une autre cause». En 1870, Coutaret admettait que 10 % des troubles gastriques étaient dus à des modifications des propriétés digestives de la salive, et il se croyait autorisé à faire une classe à part des dyspepsies salivaires. En réalité, les seules modifications qui peuvent se produire est une diminution ou même une disparition complète du pouvoir saccharifiant de la salive. Le rôle digestif de la salive est normalement si faible que la diminution de son activité doit être peu sensible, et, suivant l’opinion deBobin(1900) d’accord en cela avec les auteurs les plus récents, on ne peut accorder de valeur aux variations du pouvoir diastasique de la salive dans la pathogénie d’une dyspepsie ; tout au plus doit-on admettre que dans le cas d’une suppression du flux salivaire, il peut y avoir dyspepsie, soit par la diminution corrélative de la mastication, soit encore par suppression de l’excitant réflexe qui, partant de la cavité buccale, provoque une sécrétion rapide du suc gastrique : sécrétion psychique de Pawlow. J.-P. Langlois. SALIVES. Com. dudép. de la Côte-d’Or, arr. de Dijon, cant. de Crancey-le-Chàteau ; 377 hab.