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SALVIATI — SALVIM

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Saint-Jean, combattit contre les Turcs, assiégea et prit Coron et Modon. Après la chute de Florence, Catherine de Médicis, sa cousine, lui conseilla d’entrer dans les ordres, le fit son aumônier ; en •1549, èvêque de Saint-Papoul. En 4S61 , il fut créé par Pie IV cardinal et évèque de Clermont. — Antonio-Maria (4507-1602), son neveu, lui succéda dans l’évèché de Saint-Papoul, auquel pourtant il ne tarda pas à renoncer. Deux fois envoyé en France par Pie IV, Grégoire XIII le créa cardinal le 23 déc. 1583.

— Leonardo (1540-89), philologue, qui doit surtout sa renommée à la guerre terrible et injuste qu’il fit à Torquato Tasso, correcteur du Décamcron (1582), un des plus zélés compilateurs du Vocabotarioda laCrusca. Alamanno (1668-1793) fut envoyé par Clément XI en France, vice-légat d Avignon, puis d’Urbin, enfin cardinal en 1730. Etablie à Rome, cette famille existe encore par de successives adoptions. E. Casanova.

BinL. : Filippo Brunetti, Geneaiogta défia famiglia Salviati ; Florence, 1795.

SALVIATI (Francesco Rossi, dit Cecco ou Cecchino de), peintre italien, né à Florence en 1510, mort à Rome en 1563. Après avoir travaillé chez un orfèvre, il entra chez Giuliano Bugiardini, puis il se lia avec Vasari, et devint son condisciple dans l’atelier de Baccio Bandinelli. Il reçut enfin quelques leçons d’André del Sarte (1529). Déjà célèbre, malgré son très jeune âge, Francesco trouva un protecteur éclairé dans un prélat de la cour de Rome, le cardinal Salviati, qui l’attacha à sa maison : en souvenir de ses bienfaits, le peintre prit le nom de Salviati. Lors de la venue de Charles-Quint à Rome, en 1535, il décora de peintures un des arcs de triomphe élevés en l’honneur de ce prince. 11 fit aussi pour Pierre-Louis Farnèse une série de cartons qui représentaient les hauts faits d’Alexandre, et qui, envoyés en Flandre, servirent de modèles aux tapissiers du pays. Il revint ensuite à Florence et fut employé aux peintures décoratives exécutées à l’occasion du mariage du duc Cosme avec Lléonore de Tolède. On le retrouve ensuite à Rologne, puis à Venise, peignant dans le palais du patriarche Grimani une Histoire de Psyché, qui existe encore. Après avoir visité Rome et Mantoue, il revint à Rome en 1541. Enfin, l’on sait que Rossi fit un voyage à Paris sous le règne de Henri II ; il eut à décorer le château de Dampierre pour le cardinal de Lorraine ; mais se« tableaux ne lui valurent pas chez nous le succès qu’il avait espéré, et il regagna bientôt l’Italie. Rossi fut un infatigable travailleur, un dessinateur savant, un maître élégant et séduisant. Sa Charité du musée des Offices offre de belles attitudes. Il y a quelque maniérisme dans l’Incrédulité de saint Thomas que l’on voit au Louvre, ainsi que dans une allégorie conservée au musée de Turin et qui personnifie la Géométrie. Mais il faut louer la fécondité de ce remarquable artiste, la hardiesse et la magnificence de ses compositions. Gaston Cougnt.

SALVIATI (Antonio), mosaïste et industriel italien, né à Vicenceenl816, mortà Venise le25janv. 1900.11 étudia d’abord le droit et fut même quelque temps avocat. Mais la lecture du livre de George Sand, les Maîtres mosaïstes, et un voyage à Rome en 1859, lui suggérèrent le projet de faire revivre un art jadis florissant à Venise, celui des mosaïques d’émaux, et, délaissant le barreau, il fonda près de cette ville, dans l’île Murano, en 1860. une petite fabrique, dont les produits furent tout particulièrement remarqués, deux ans après, à l’exposition de Londres. Bientôt les commandes vinrent à Salviati de toute l’Europe ; il dut agrandir son établissement, auquel il annexa une école d’où sont sortis plusieurs artistes de talent, et, à sa première industrie, il en ajouta une seconde, perdue aussi depuis longtemps, celle des célèbres verres de Venise des xvi e et xvn e siècles, dont il entreprit avec succès la reproduction. En 1867, il vendit à une société financière anglaise, tout en restant directeur de la fabrication. En 1877, il se retira de la société pour se consacrer, avec Elster, de Berlin, à larestauration des mosaïques anciennes. Parmi les mosaïques d’émaux les plus connues qui sont sorties des ateliers Salviati, on peut citer celles de l’avantfoyer du grand Opéra et du Panthéon, à Paris, des cathédrales de Marseille, d’Aix-la-Chapelle et d’Erfurt, de l’abbaye de Westminster, du South-Kensington-Museum et de l’église Saint-Paul, à Londres, du château de Windsor, de celui de Marienburg, de la colonne de la Victoire et de la villa Pringsheim, à Berlin. D’une perfection parfois très grande comme exécution, elles ne sont pas sans provoquer, au point de vue purement artistique, de vives critiques.

SALVI EN (Salvianus), écrivain ecclésiastique, né sans doute dans les environs de Trêves. Il vécut au v e siècle. Après avoir reçu la meilleure éducation, comme son livre en fait foi, il épousa la fille de païens, convertit sa femme et ses beaux-parents, et, quoiqu’il eût une fille de son mariage, entra dans la vie religieuse : sa femme l’imita. Il se réfugia dans le Midi, vraisemblablement pour fuir les invasions, et fut prêtre à Marseille. Il mourut vers la fin du siècle. De ses deux ouvrages : Adversus AvariUam et De Gubernatione Dei. tous deux dédiés à l’évèque Salonius, nous n’avons plus que le second, un des livres les plus remarquablesdu v e siècle. Salvien lui-même l’avait divisé en huit livres : le septième et le huitième sont incomplets. C’est un ouvrage à thèse et une œuvre morale. Salvien nous dit en effet qu’il écrit, non pour plaire à ses contemporains, mais pour les corriger ; il se propose donc un but analogue à celui que vise Paul Orose, mais la thèse est différente. Les habitants de l’empire romain qui, pour employer l’expression de Salvien « est mort ou va mourir », se plaignent que la Providence les punisse au moment ou ils sont devenus chrétiens. Salvien veut montrer que le châtiment est mérité (patimur quod meremur). Si les Romains sont vaincus, c’est que les Barbares valent mieux qu’eux. Les mœurs de tous les Romains, laïques ou ecclésiastiques, sont corrompues, idée qui entraine un tableau satirique de la société romaine. L’organisation sociale ne vaut rien avec son esclavage et son oppression des faibles. Les barbares, eux, sont païens et hérétiques. Mais païens, ils ont l’excuse de ne pas connaître la vérité, et, cependant, ils valent bien les Romains. S’ils sont ariens, c’est que cette doctrine hérétique est la seule qu’ils connaissent ; néanmoins, ils ont des vertus : l’amour de leur patrie, la haine du jeu, la chasteté.

L’ouvrage est donc intéressant en ce qu’il nous fait connaître la société romaine au v e siècle et les sentiments qu’inspirent les Barbares. Toutefois, il faut prendre garde aux exagérations de Salvien qui, pour les hyperboles, ne doit rien à Juvénal, sous la triple influence de son caractère, du climat et de la thèse à prouver. La langue est assez pure pour l’époque, quoique déjà voisine du français par quelques tournures. Henri Bornecqi/e. Biul. : Editions : Pierre Pithon. 1580, 1594. Patroloqie. LUI ; Halm, 1677. — Fauly, 1883 [Corpus de Vienne, VIII). — Roux, De Rutilii. Ilinerario et Salviani opère, 1811. — Huissier, (a Fin du paganisme, II. 410-1-2. SALVI NI (Anton-Maria), littérateur italien, né à Florence le 12 janv. 1653, mort à Florence le 27 mai 1729. Il fit ses études à Pise. A vingt-trois ans, il succéda à Carlo Dati dans la chaire de littérature grecque à l’Institut de Florence, et y professa cinquante-trois ans. Membre de l’Académie de laCrusca, il travailla à la troisième édition du Dictionnaire. 11 fut au nombre des premiers Arcadi. sous le nom de Aristeo Cratio. Il se distingua comme helléniste et traduisit des fragments d’Homère, de Théocrite, d’Oppien, d’Anacréon, de Callimaque, de Nicandre et d’Aratus. Il traduisit également le Caton d’Addison (Florence, 1725, in-4). Ses poésies ont peu de valeur ; ses Discorsi accademici (Florence, 1695), ses Prose toscane (Florence, 1715-35), et ses Prose sucre (ibid., 1716) présentent plus d’intérêt.

Biul. : Fabbroni, Vitsc Italorum, XV. — Carini. VArcadia ; Rome, 1891.