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SOULT — SOULTRAIT

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pouvoirs souverains en Espagne à son frère le roi Joseph, et désigné de nouveau Jourdan comme major général. Soult accusa Joseph, dans une lettre à Napoléon, de vouloir suivre l’exemple de Bernadotte : Joseph, de son côté, incrimina la conduite de Soult en Andalousie. Après la défaite de Marmont aux Arapiles, cette province dut être évacuée. Soult contribua d’ailleurs à rétablir Joseph à Madrid (1 er nov.) ; mais les tiraillements continuèrent et il se fit rappeler à Paris. Il contribua aux victoires de Lutzen et de Bautzen, mais après le désastre de Vittoria qui présageait l’évacuation de l’Espagne, l’empereur se hâta de le renvoyer « au-devant des Anglais », comme son lieutenant dans le Midi de la France. Il ne put dégager Pampelune et Saint-Sébastien, mais pendant sept mois (oct. 1813-avr. 1814), il tint tète à Wellington malgré l’infériorité des forces, et les batailles d’Orthez (27 févr.), de Toulouse (10 avr.), si elles ne peuvent passer pour des victoires, sont du moins des actes d’énergique et d’habile résistance. Wellington a réfuté devant le Parlement anglais la calomnie d’après laquelle Soult aurait livré cette dernière bataille ayant dans sa poche la nouvelle de l’abdication de Napoléon : en fait, la dépèche, expédiée le 7 avr. parTalleyrand, ne parvint au duc de Dalmatie que le 12 ; il ne se crut d’ailleurs dégagé qu’après une dépêche de Fontainebleau. Mais il n’avait de caractère qu’en face de l’ennemi. Dès le début de la première Restauration, il se montra plus royaliste que le roi et plus clérical que le comte d’Artois lui même, demandant un monument expiatoire pour les victimes de Quiberon, pleurant Louis XVI, un cierge à la main, à la processiondu 21 janv. 1815, persécutant Exelmans (V.ce nom). Ministre de la guerre (3 sept. 1814) après le triste héros de Baylen (V. Dupont de I’Etang [Général]), il ne résista pas à l’invasion des hauts grades par les émigrés et les Vendéens, et, lors du retour de l’île d’Elbe, qualifia « Buonaparte » d’aventurier et d’usurpateur (8 mars). Aux Cent-Jours, il n’en devint pas moins pair de France, et, en remplacement de Berthier, major général de l’armée ; il eût préféré des fonctions actives, dont il se serait sans doute mieux acquitté. Il n’avait l’habitude spéciale, ni de rédiger nettement, ni de transmettre exactement les ordres militaires, ni de lire l’écriture de Napoléon, de plus en plus indéchiffrable. Après Waterloo (V. ce mot), il rallia les débris de l’armée à Laon, assista au conseil de guerre de la Villette (26 juin) où il déclara douteux un combat sous Paris, et, après la seconde abdication, se retira dans son pays natal. Il fut compris au nombre des trente-huit personnages que « réservait » l’ordonnance royale du 24 juil. 1815, et publia un Mémoire justificatif. .. rédigé par M. Manuel, membre de la Chambre des députés (Paris, 1815, in-8 de 36 p.). Banni le 12 janv. 1816, il vécut trois ans dans le duché de Berg, où il avait pris femme. Il fut rappelé le 26 mai 1819, fut rétabli dans sa dignité (9 janv. 1820), reçut le collier du Saint-Esprit au sacre de Charles X, et devint pair de France (5 nov. 1827). Il fut des premiers à se rallier à Louis-Philippe, qui s’empressa, dès le 30 août 1830, de lui rendre à la Chambre des pairs le siège dont l’art. 68 de la nouvelle Charte l’avait dépossédé. Il fut ministre de la guerre du 17 nov. 1830 au 18 juil. 1834, avec la présidence du Conseil (11 oct. 1832) après la mort de Casimir Perier. Malgré l’opposition, il cumula ses traitements de ministre et de maréchal. Le 25 avr. 1838, il représenta extraordinairement la France au couronnement de la reine Victoria. Après l’émeute du 12 mai 1839, il obtint la présidence du Conseil et le portefeuille des affaires étrangères ; il fut battu sur l’affaire de la dotation du duc de Nemours. Après l’échec de la politique belliqueuse de Thiers, il fut chargé avec Guizot de former le ministère ultra-pacilique et conservateur du 29 oct. 1840, où il eut la présidence (plus honorifique que réelle) et le portefeuille de la guerre. Le 22 janv. 1841, il se prononça contre l’enceinte continue de Paris et pour le système des forts détachés, mais une lettre du roi n’eut pas de peine à le rallier au projet déposé. Il quitta, pour raison de santé, le ministère de la guerre en 1845 (9 nov.), la présidence du Conseil en 1847 (26 sept.), et reçut le titre exceptionnel de maréchal général. Il mourut dans son château de Soultberg, peu de temps avant le coup d’Etat de déc. 1851 ; sa femme ne lui survécut que trois mois. Sa magnifique collection de tableaux de grands maîtres espagnols, dont la vente eut lieu à Paris les 19, 21 et 23 mai 1852, a produit près de 1.500.000 fr., dont 586.000 pour la Conception de la Vierge (de Murillo), adjugée au musée du Louvre. Il laissait aussi des Mémoires, à peine ébauchés, et dont la première partie, la seule parue, s’arrête à la paix d’Amiens. Quant aux pièces relatives aux affaires d’Espagne, etc., qu’il avait classées en vue de la continuation de cet ouvrage, confiée’ à son fils, elles ne paraissent guère avoir été utilisées, sauf pour les Considérations militaires... signées Chouraara (V. Suchet [Maréchal]). Lorsqu’en 1821 parurent les Mémoires sur les opérations militaires des Français en Galice, en Portugal... sous le commandement du duc de Dalmatie, on attribua généralement cet ouvrage au maréchal Soult ; mais il le désavoua par une note du Moniteur, et d’après Quérard, l’auteur de ces Mémoires serait Lenoble, intendant militaire : ce qui n’empêche pas qu’il ait pu avoir communication des papiers de Soult.

Son fils, Napoléon-Hector, né en 1801, mort à Paris le 31 déc. 1857, sans héritiers directs, fut officier (1821- 1830). ministre plénipotentiaire en Suède (1831), aux Pays-Bas (1832), en Sardaigne (1839) et en Prusse (1843-48), député (1844-48 et 1848-51). H. Moxix. Bibl. : Mémoire du maréchul général Soult, duc de Dal, matie, publié par son fils ; Paris, 1854, 3 vol.. 1" partiein- 8. — Al. Salle, Vie politique du maréchal Soult ; Paris, 1834, in-8. — A. de Gbozelier, le Maréchal Soult, sa rie militaire, ses exploits, ses derniers moments ; Castres, 1851, in-16. — Begin, Soult ; Paris, 1834, gr. in-8 (extraitde la Biographie universelle). — Anacharsis Combes. Histoire anecdotique de Jean-de-Dieu Soult ; Castres. 18(i9, in-8.

SOULTE. I. Droit civil. — Somme d’argent destinée à compenser l’inégalité des lots, entre copartageants, ou l’inégalité de valeur des choses qui font l’objet d’un échange. Ainsi, deux enfants partagent la succession de leur père, le lot dupremiercomprend un immeuble qui vaut 100.000 fr., le lot du second un immeuble qui vaut 110.000 fr. ; ce dernier devra payer à son frère une somme de 10.000 fr. C’est la soulte ou retour de lot (art. 833, C. civ.). Dans ce cas, la soulte étant un élément du partage, celui qui la reçoit est censé avoir succédé seul au défunt pour cette valeur, en vertu du principe que le partage est déclaratif ; de même, le paiement de la soulte est garanti par un privilège qui porte sur tous les immeubles de la succession. Lorsqu’il s’agit d’un échange, la soulte, c.-à-d. la somme qui représente la différence de valeur entre les deux objets échangés, peut être considéré comme le prix moyennant lequel celui des coéchangistes dont le lot est le moins important vend à l’autre la différence de valeur ; par suite, s’il s’agit d’un échange d’immeubles, celui qui a stipulé une soulte à son profit est garanti pour son paiement par le privilège de l’art. 2103, 1°, c.-à-d. par le privilège du vendeur, sur l’immeuble qu’il échange. IL Droit commercial. — On appelait autrefois soulte la différence entre le crédit et le débit d’un compte balancé. On dit aujourd’hui solde de compte (V. Comptabilité, t. XII, p. 232).

SOULTRAIT (Jacques-Bichard, comte de), archéologue français, né à Toury-sur-Abron (Nièvre) le 28 juin 1822. mort à Toury-sur-Abron le 18 sept. 1888. II appartenait à l’administration, fut trésorier-payeur des finances et fit partie du conseil général de la Nièvre de 1852 à 1862 ; il s’occupa en même temps d’archéologie et de numismatique médiévales. Ses principales publications sont les suivantes : Armoriai de l’ancien duché de Nivernais (1844, in- 1 2) ;