Page:Grande Encyclopédie XXXI.djvu/13

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pittoresque : car non seulement elle ne prit aucune part à la journée du 14 juillet, mais elle n’en prit aucune aux journées d’octobre. (Je l’ai démontré dans un récent ouvrage : Trois Femmes de la Révolution.) En 1790, elle eut un salon politique ou naquit et mourut le petit club des Amis de la loi, fondé par Romme. Elle parut une fois aux Cordeliers, pour y demander l’érection d’un « temple à l’Assemblée nationale » sur l’emplacement de la Bastille. Puis elle passa en Belgique, d’où elle fut enlevée par deux émigrés, avec la permission de Mercy-Argenteau (fév. 1791), et dirigée vers la forteresse-prison de Kufstein. Mise en liberté quelques mois après, elle revint à Paris (janv. 1792), y fut reçue comme une « martyre », et tout de suite se rangea du côté des futurs Girondins contre Robespierre, sur la question de la guerre. Elle essaya d’armer les femmes, fut des agitateurs qui firent le 20 juin et des combattants du 10 août. Il faut, malheureusement, lui imputer en grande partie le crime commis par des furieux dans la matinée de ce 10 août, à la section des Feuillants, car c’est Théroigne qui triompha de la résistance du président de la section à livrer les prisonniers qu’on massacra : elle-même sauta « au collet » du pamphlétaire royaliste Suleau. On ne la vit pas aux massacres de septembre, et, en 1793, sa popularité déclina rapidement. Fouettée aux Tuileries, par des jacobines, peu avant le 31 mai, elle disparut de la vie publique. Elle devint folle l’année suivante, et mourut à la Salpètrière où elle était entrée une première fois en 1799 et définitivement en 1807. — De cette femme singulière, et qui fut très jolie, on n’a qu’un portrait authentique, celui que Gabriel nt de la folle déjà vieille, en 1816.Léopold Lacour.

THEROMORPHA (Paléont.) (V. Reptile).

THÉRON, tyran d’Agrigente (V. ce mot).

THÉRON (Ferdinand-Louis-Edouard), homme politique français, né à Moux (Aude) le 5 mai 1834. Viticulteur, il fit, sous l’Empire, de l’opposition républicaine et devint député de l’Aude le 4 oct. 1885. Radical, il combattit la politique opportuniste, ne prit pas parti pendant la crise boulangiste et se prononça en 1899 en faveur du ministère dit de « la défense républicaine ». Il a été réélu à Carcassonne en 1889, échoua en 1893 et de nouveau élu, en 1898, par l’arr. de Carcassonne.

THÉRONDELS. Corn, du dép. de l’Aveyron, arr. d’Espalion, cant. de Mur-de-Barrez ; 1.247 hab.

THÉROPITHÈQUE (Zool.) (V. Macaque).

THÉROPODE (Paléont.) (V. Reptile).

THÉROUANNE. Rivière du dép. de Seine-et-Marne (V. ce mot, t. XXIX, p. 901).

THÉROUANNE (lat. Tarvanna, Tervanna). Com. du dép. du Pas-de-Calais, arr. de Saint-Omer, cant. d’Aire ; 1.040 hab. On distingue encore la trace de l’ancienne enceinte de la ville complètement détruite par Charles-Quint en 1553. Thérouanne était jusqu’alors un évêché, centre de l’ancien pays des Morins, puis du pays de Ternois ; en 685, Thiery III y avait fondé l’abbaye de Saint-Jean-au-Mont en expiation du meurtre Je saint Léger. Au xiiie siècle, une belle cathédrale avait été érigée. Tout cela disparut : l’abbaye fut transférée à Ypres ; l’évêché démembré entre les nouveaux sièges de Saint-Omer, Boulogne et Ypres (1559). A.-M. B.

Bibl. : H. Piers, Hist. de la ville de Thérouanne, 1833, in-8. — Robert, Hist. de l’abbaye de Saint-Jean-au-Mont-lez-Thérouanne, 1883, in-8.

THÉROUANNE (Louis de Luxembourg, évêque de) (V. Luxembourg, t. XXII, p. 800).

THÉROULDE, auteur présumé de la Chanson de Roland (V. Turoldus).

THEROULDEVILLE. Com. du dép. de la Seine-Inférieure, arr. d’Yvetot, cant. de Valmont ; 606 hab.

THERSANDRE (Myth. gr.). Nom porté par plusieurs héros de la légende hellénique ; un seul eut quelque notoriété, celui qui, fils de Polynice et roi de Thèbes, prit part à l’expédition de Troie et fut tué par Télèphe, roi des Mysiens. Virgile le laisse vivre jusqu’au dernier jour du siège et le compte parmi les guerriers qui montèrent dans le cheval de bois ; comme héros, il fut l’objet d’un culte auprès de son tombeau.

THERSITE (Myth. gr.). Le plus laid des Grecs qui prirent part à l’expédition contre Troie, aussi mal fait de caractère que de corps, mauvaise langue toujours prête à s’exercer sur le compte des chefs, une des rares figures qui aient fourni à Homère l’occasion de prouver ses aptitudes pour la peinture satirique et comique. La façon dont Ulysse le châtie pour avoir déblatéré contre Agamemnon dans l’assemblée des Grecs est connue (Il., II. 224-277). On a conjecturé que deux têtes de marbre du musée archéologique de Berlin et une tête analogue du Vatican, au crâne pointu, à la bouche grotesquement ouverte, aux traits convulsés, au regard bêtement insolent, représentent ce personnage. La légende le fait mourir de la main d’Achille à qui il reprochait ses amours avec Penthésilée : à la tête du Vatican est adhérente encore une main, qui peut fort bien être celle du héros châtiant l’horrible bavard. J.-A. H.

THERVAY. Com. du dép. du Jura, arr. de Dole, cant. de Montmirey-le-Château, sur l’Ognon ; 657 hab. Eglise du xve siècle (boiseries) ; ruines du château de Balançon.

THÉRY (Charles-Emmanuel-Raphaël), marquis de Gricourt (V. ce nom).

THÉRY (Edmond), économiste et statisticien français, né à Rognac (Bouches-du-Rhône) en 1855. En 1879, il entra au Voltaire, après avoir publié dans le Musée des familles, sous le pseudonyme de Rhéty, une série de nouvelles militaires éditées ensuite sous le titre de Sous l’Uniforme (1879). Au Voltaire, Edmond Théry se consacra spécialement aux questions économiques, et il publia en 1885 un volume, les Réformes économiques nécessaires, qui a été le véritable point de départ de sa carrière d’économiste. Successivement chargé par le gouvernement français d’aller étudier les résultats de l’ouverture du Saint-Gothard (1886), les conséquences éventuelles de l’ouverture du Simplon (1888) et le fonctionnement des agences générales des colonies anglaises (1889), en 1892, il créa l’Economiste Européen qui devint rapidement une des publications économiques et financières les plus appréciées de l’Europe. Porté par les circonstances vers l’étude des questions monétaires, il a publié, en 1894, son livre sur la Crise des changes, dans lequel il a formulé une nouvelle théorie monétaire que les événements ont jusqu’ici justifiée. La Crise des changes, traduite en six langues, a encore aujourd’hui des partisans enthousiastes et des adversaires passionnés ; elle a eu, en tous les cas, le mérite d’analyser clairement une série de nouveaux phénomènes économiques et de rendre compréhensibles des faits en apparence inexplicables. Fondateur de la Ligue bimétallique française (1895) avec Emile Loubet, Méline, Magnin, Cernuschi, Bérenger, Fougeirol, il fut le principal artisan de l’accord intervenu, en 1896, entre les groupes similaires anglais, allemand, belge et américain, pour l’établissement du Bimétallisme international dont l’opposition systématique du gouvernement anglais rendit l’application impossible. En même temps que ses études d’ordre monétaire, Edmond Théry a publié depuis 1894 un grand nombre d’ouvrages économiques : Histoire des grandes compagnies françaises de chemins de fer dans leurs rapports financiers avec l’Etat (1894) ; les Fonctions de la Banque de France (1895) ; De la nécessité d’un plan financier (1896) ; l’Evolution industrielle et commerciale (1897) ; les Valeurs mobilières en France (1898) ; l’Europe et les Etats-Unis d’Amérique (1899) ; la Situation économique et financière de l’Espagne (1899) ; Faits et chiffres (1900) ; la France économique et financière pendant le dernier quart de siècle (1900) ; le Péril jaune, avec une préface de M. d’Estournelles (1901). G. Aymard.