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La grande popularité du héros tombant dans un temps où le mouvement littéraire et artistique est à l’apogée (la fête du retour fut célébrée, la première fois, en 469 av. J.-C), rien de surprenant que Thésée ait défrayé, plus qu’aucune autre ligure, avec la poésie toutes les formes de l’art. Les sculpteurs Phidias et Silanion lui consacrèrent chacun une statue ; les peintres Polygnote, Micon, Euphranor, Parrhasius vulgarisèrent ses traits. On disait de celui d’Euphranor qu’il était nourri de chair et de celui de Parrhasius qu’il le semblait de roses. Une statue de marbre de la villa d’Adrien, aujourd’hui en Angleterre, le représente nu, un casque en tète, l’expression souriante, d’une structure vigoureuse et élégante à la fois, celle d’un Athénien rompu à tous les exercices de la palestre, chez qui l’harmonie du type semble la résultanle d’une culture raisonnée de toutes les facultés physiques, intellectuelles et morales. Les frises et les métopes du Theseion le montrent au cours des diverses aventures que nous avons racontées ; il à en outre défrayé la peinture de vases, toujours suivant le même idéal de force gracieuse et disciplinée ; une très belle fresque de Campanie le représente alors que, après la défaite du Minotaure, il reçoit les hommages émus des jeunes Athéniens qu’il a délivrés. J.-A. Hild.

Bidl. : Real-Encyclopœdie de Pauly, VI, p. 1809. — Preller, Griech. Mythol., II, pp. 285-302. — A. Mommren, Heortoloqie, pp. 269-287. — Baumeister, Denlimœler, III, p. 1774 (Theseion), p. 1786 (Theseus) avec les monographies citées, p. 1778, pour les questions archéologiques. — E. Pottier, Comment Thésée devint iami d’Hercule ; Paris, 1900.

THÉSIGER (Erederick), homme d’Etat anglais (V. Chelmsford).

THÉSIS (Métriq.). (V. Arsis).

THESMOPHORIES (Antiq. gr.). Une des fêtes les plus importantes du calendrier athénien, célébrée au mois Pyanepsion, le quatrième de l’année, qui concorde avec notre mois de novembre. Elle était, comme les Eleusinies qu’elle suivait de près, en rapport avec le culte de Déméter et de Kora sa fille ; elle avait un double but : de remercier la divinité pour les bienfaits de l’agriculture et de lui faire honneur de la vie réglée par la loi (θεσμος, loi, ordonnance), qui, sous son influence, succéda à la barbarie nomade et à la promiscuité des unions libres. C’est pour cela qu’elle était célébrée, ainsi que la fête de la Grande Déesse à Rome, par les femmes seules, à l’exclusion des hommes ; toutes les femmes de condition libre, unies à des citoyens par légitime mariage, y étaient admises. Chaque dème en désignait deux parmi les plus considérées, qui avaient à accomplir les rites au nom de la communauté entière et à pourvoir au repas qui servait de conclusion à la cérémonie. Toutes, d’ailleurs, s’y préparaient par plusieurs jours de continence, et cette coutume fournissait matière aux plaisanteries des satiriques ; Aristophane nous en a transmis le souvenir, soit dans Lysistrate, soit dans les Thesmophoriaiuscs. La fête durait cinq jours ; les épisodes principaux étaient une procession nommée Stenia jusqu’au bourg d’Halimus, des cérémonies nocturnes au temple de Déméter dans cette localité ; un jour de jeune au retour, comme préparation à la grande fête de Calligeneia, laquelle terminait la fête par un joyeux repas et aussi par des danses qui n’avaient rien de religieux ; avant de se séparer, les femmes faisaient une offrande aux déesses en réparation des fautes commises durant la célébration. La légende faisait remonter l’institution des Thesmophories aux filles de Danaiis, venues d’Egypte, qui l’auraient apportée dans le Péloponnèse. Elles furent surtout en honneur à Athènes, d’où elles se répandirent en Asie Mineure et même en Sicile ; nous ne la connaissons que sur la foi de témoignages athéniens. J.-A. Hild.

Bibl. : Prei.i.er, Démêler und Persephone, p. 335. — A. Mommsrn, Heortologie, pp. 25 suiv. ; 291 suiv.

THESMOTHETE (Antiq. gr.) (V. Archonte).

THESPIS (Θέσπις), le plus ancien poète tragique grec (cf. Aristophane, Guêpes, v. 1479), fut, au vie siècle avant notre ère (il naquit vers 580), le créateur même, le père de la tragédie athénienne. Originaire du dème d’Icaria, près d’Athènes, contemporain de Pisistrate, couronné peut être en un concours poétique entre 536 et 534, maître de Phrynichos, il débuta sans doute, comme les chantres primitifs de Sicyone, par de rustiques dithyrambes. Le premier, il imagina de couper le chœur en plusieurs divisions, sans d’ailleurs lui ôter son caractère liturgique ; entre les intermèdes chorégraphiques et les chants dithyrambiques qu’on entonnait aux fêtes de Dionysos, il inséra des tirades parlées, des récits débités par un personnage unique, étranger au chœur. Ce nouveau récitateur ou répondant (ἱποκριτής) était chargé d’interroger ou de donner la réplique ; plus tard, il deviendra l’acteur, investi de divers rôles (serviteur, messager, héros). Tel quel, il engageait déjà avec les choreutes une sorte de dialogue où se trouvait mis en action quelque point de la légende traitée, celle de Dionysos ou toute autre : il répondait aux questions par des narrations ou provoquait, à son tour, les confidences du chœur. Ainsi se forma, se développa le drame, grâce au récit enclavé parmi les morceaux lyriques et qui prit lui-même (cf. Aristote, Poétique, 12, 5) le nom d’épisode (ἐπεισόδιον), germe de la tragédie complète résultant, avec le temps, des transformations de l’épisode primordial dédoublé, prolongé, et confié à deux, puis à trois interprètes. Thespis inventa, dit-on, des masques en toile et revêtit son acteur de costumes appropriés aux rôles. Nous ne possédons de lui que cinq ou six titres de pièces incertaines, dont le sujet devait être tiré de la légende héroïque tout entière (la première de ces tragédies aurait été jouée en 535). Voici ces titres, dont on ne peut même garantir l’authenticité : les Jeux funèbres de Pélias (ou Phorbas), les Prêtres, les Jeunes gens, Alceste, Penthée. L’anecdote, rappelée par Horace (Ad Pisones, v. 276) et par Boileau (Art poét., ch. iii, v. 67), de Thespis se barbouillant la figure de lie et promenant ses poèmes dramatiques sur des chariots, peut s’expliquer ainsi, selon Croiset : Thespis, à la fois acteur et entrepreneur, comme nos modernes forains, donnait ses représentations à travers les bourgades de l’Attique, aux fêtes de Dionysos, surtout en automne. Il circulait sur une sorte de roulotte avec son léger matériel ; il formait et instruisait sommairement sa troupe, puis jouait en plein air sur la grande place du village. Telle est l’humble chrysalide du théâtre, promis à tant de gloire. Victor Glachant.

Bibl. : Fr.-Guil. Wagner, Poetarum tragicorum fragmenta ; Ratisbonne. 1846-52. 3 vol. in-8. recueil reproduit dans le volume des Fragmenta Euripidis de la Bibl. Didot ; Paris, 1846, in-8. — Coll. Aug. Nauck, dans son recueil de même titre, 1856, in-8. — E.-Ad. Chaignet, la Tragédie grecque ; Paris, 1877, pp. 54-67, in-12 (la Tragédie de Thespis). — A. et M. Croiset, Histoire de la littérature grecque, t. III. pp. 42 et suiv.

THESPROTIE (V. Epire).

THESSALIE. Région septentrionale de la Grèce continentale, comprise entre la mer à l’E., l’Olympe, les monts Cambuniens et le Lakmon au N., le Pinde à l’O., le mont Othrys et le golfe de Pagase (ou de Volo), au S., elle confine au N. à la Macédoine, à l’O. à l’Albanie (Epire), au S. au bassin du Sperchios, que parfois on lui rattache. Sa superficie dépasse 12.000 kil. q., et sa population 300.000 âmes. Elle appartient au royaume de Grèce, mais ses limites politiques ne coïncident pas avec les limites physiques ; elles dépassent à l’O. la ligne de faite et atteignent l’Acheloos ; au N., elles laissent à la Turquie le district d’EIassona et les crêtes montagneuses de l’Olympe ; de ce côté, la frontière a été rectifiée au détriment de la Grèce à l’issue de la guerre malheureuse de 1897 (traité de Constantinople, 4 déc).

Géocrapbie physique (V. Grèce, t. XIX, pp. 271 et suiv.).

Géographie politique et économique (V. Grèce). — La Thessalie comprend les deux nomes de Larisse et Tricala : le premier a 6.380 kil. q. et 181.542 hab, ; le second,