Page:Grandmougin - Ode au colonel Denfert-Rochereau, 1879.djvu/13

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Sur de tristes plateaux sentinelle avancée,
Il me fallut souvent, loin de toute maison.
Immobile et sans voix dans une nuit glacée,
Interroger des yeux la plaine et l’horizon !

Dans un ciel éclatant montait la lune bleue,
Baignant ce grand désert de rayons purs et doux ;
Les ennemis, en face, éloignés d’une lieue,
Guettaient, silencieux et sombres comme nous !

Mais là-bas, par delà les forêts désolées,
Un bruit d’artillerie éclatait sourdement,
Éveillant les échos des monts et des vallées
Sous l’immense splendeur du calme firmament !

Ces roulements, pareils au fracas d’un orage,
Affaiblis, puis soudain renaissant avec rage,
Pour être interrompus d’un silence de mort,
C’étaient ceux des canons obstinés de ta ville,
Denfert, ô grand héros au cœur ferme et tranquille,
Résolu, sans orgueil, à périr dans Belfort !