Page:Grandmougin - Ode au colonel Denfert-Rochereau, 1879.djvu/14

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Quand le jour frissonnant et clair venait d’éclore,
Ce tonnerre lointain retentissait encore ;
Il vibrait dans l’espace à chaque heure du jour ;
Nos regards allumés par une fièvre sainte
Se fixaient sans repos vers la sublime enceinte
Où les tiens combattaient, pleins de force et d’amour !

Et, saluant en toi l’âme de la Patrie,
Redoutable et farouche encor, quoique meurtrie,
Au milieu des fureurs de cent mille Allemands,
Nous rêvions, remués par de belles colères,
D’aller jusqu’en tes murs pour y serrer nos frères
Dans de victorieux et longs embrassements !

Pourtant, les sombres flots de l’armée ennemie
Sur nous, comme un grand fleuve, incessamment vomie,
Recouvraient la moitié du sol de nos aïeux !
Captive et tout en pleurs, notre vieille Touraine,
Sous le joug étranger frémissante de haine,
Vers Paris affamé tournait en vain les yeux.