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VANTE SON POT.

ajouta : La personne malade, c’est encore lui qui se porte bien. Oh ! M. Josse !

Comme ils quittaient la rue Saint-Marc où demeurait M. Dupuis, l’oncle et le neveu rencontrèrent une de leurs connaissances qui tournait le coin de la rue Vivienne.

— Eh ! ce cher Dervieu ! s’écria M. Deslongrais ; que je suis aise de le voir ! Voilà un homme de bon conseil, et il va tout de suite nous le prouver. Si vous aviez six cent mille francs comptants, qu’en feriez-vous ?

— J’en achèterais tout de suite une terre d’au moins un million.

— Est-ce un bon placement ?

— Merveilleux ! les terres bien cultivées rapportent de trois à trois et demi pour cent ; si l’on y applique les nouveaux procédés d’assolement, on arrive à quatre. Et puis la terre reste toujours ; il n’y a pas de banqueroute qui puisse emporter des prés !

— Vous avez peut-être raison. Sauriez-vous par hasard quelque beau domaine en vente ?

— Je n’en connais qu’un ; mais il est magnifique. La terre des Futaies, près de Meaux. Je l’ai achetée huit cent mille francs, et j’ai fait faire des réparations considérables aux bâtiments. Je suis obligé de m’en défaire, ma femme voulant se fixer à Toulouse auprès de sa famille. Quand vous voudrez voir ce domaine, écrivez-moi, et nous irons ensemble. Mais hâtez-vous ; les concurrents sont nombreux. La propriété est un quatrième pouvoir de l’état.

— C’est entendu, répondit M. Deslongrais.

— Ça fait en tout trois M. Josse, ajouta Gabriel en riant.

— Oh ! nous ne sommes pas au dernier.