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MIEUX VAUT MARCHER

— Ce serait, sauf le bon plaisir de l’illustre poëte, le treizième jour de la lune et à l’heure du Mouton.

— J’éprouve un grand désespoir, dit Hou-Kong après avoir réfléchi quelques instants ; mais ce jour et à cette heure, je suis attendu chez les examinateurs qui siégent ce printemps pour la province. L’un d’eux, — ajouta-t-il en se rengorgeant, — est Son Excellence Yang-Koueï-Tchong, premier ministre et frère de l’impératrice ; l’autre est le duc Kao-Ly-Sse, commandant des gardes impériales. Vous comprenez…

— Je comprends, interrompit le Fou des Fleurs, que M. Hou-Kong ne saurait manquer à d’aussi éminents personnages pour un stupide et illettré paysan comme moi. J’insisterai pourtant, et lui demanderai de venir dans ma pauvre chaumière. Nous nous réunirions plutôt à l’heure du Cheval, et il serait libre de se rendre à Ping-Kiang aussitôt qu’il aurait vidé quelques tasses de mauvais vin.

Hou-Kong ne vit pas le moyen de refuser, sans une grave impolitesse, cette invitation qu’il dédaignait secrètement.

— Votre frère cadet accepte avec transport l’honneur de passer quelques instants en votre compagnie, répondit-il ; mais à condition que vous boirez avec lui un peu de cette insignifiante liqueur.

Ils burent ensemble plusieurs tasses de Niao-Tching, et se séparèrent après maintes civilités. Le Fou des Fleurs rentra chez lui fort joyeux ; et, le douzième jour, il ne manqua point de renouveler, parmi un titsee sur papier rouge, l’invitation déjà faite.

Hou-Kong, néanmoins, était fort contrarié ; le treizième