Chloé. — Ah ! bah !
Daphnis. — C’est comme j’ai l’honneur de vous le dire.
Chloé. — Vraiment ?
Daphnis. — Laissons ce sujet, Chloé ; venez plutôt sous cet ombrage, et là, assis sur l’herbe tendre, je vous dirai ce que c’est que l’amour.
Chloé. — Vous me l’avez dit ; l’amour, selon vous, est quelque chose qui empêche de dormir et de manger, qui fait maigrir, et force les gens à se promener toute la journée dans les champs. J’aime mieux l’amour selon Palémon.
Daphnis. — Suivez-moi dans ce bosquet, et je cesserai de souffrir ?
Chloé. — Vous croyez ?
Daphnis. — J’en suis sûr.
Chloé. — Je ne vois pas pourquoi je ne vous rendrais pas ce petit service ; d’autant plus que je me sens très — fatiguée : asseyons-nous donc sur l’herbe. Êtes-vous mieux ?
Daphnis. — Bien mieux.
Chloé. — L’amour s’en va.
Daphnis. — Au contraire, il augmente.
Chloé. — Je ne vous comprends plus. L’amour est une maladie, et quand elle augmente, vous vous trouvez mieux ?
Daphnis. — Oui.
Chloé. — J’en suis charmée pour vous.
Daphnis. — Chloé !
Chloé. — Daphnis !