Daphnis. — Vos yeux sont doux.
Chloé. — Palémon me le disait hier.
Daphnis. — Votre bouche est divine.
Chloé. — Myrtil me le dira ce soir.
Daphnis. — Vos joues ont l’éclat de la rose et la blancheur du lait.
Chloé. — Chut !
Daphnis. — Quoi donc ?
Chloé. — N’entendez-vous pas du bruit derrière la charmille ?
Daphnis. — Sans doute quelque nymphe vous aura vue, et, pleine de dépit, elle agite les branches en s’enfuyant.
Chloé. — C’est possible.
Daphnis. — J’ai dans mon étable quatre chevreaux qui ont à peine brouté le cytise du mont Aliphère.
Chloé. — Ah !
Daphnis. — Cinq génisses blanches comme la neige errent dans mes prairies.
Chloé. — Tiens ! tiens ! tiens !
Daphnis. — Mon oncle, le vieux Anaximarque, a pas mal de fonds placés sur la banque d’Athènes.
Chloé. — Où voulez-vous en venir ?
Daphnis. — À vous offrir tout cela, si vous voulez me suivre.
Chloé. — Où donc ?
Daphnis. — À l’autel de l’hyménée. Crois-moi, Chloé, ni Palémon, ni Myrtil, ne t’aimeront autant que moi. Est-il dans la contrée un berger qui puisse m’être comparé ? Apollon oserait à peine me disputer la palme du chant. Aux derniers jeux, n’ai-je pas remporté le prix du bâton ?