J’excelle à lancer au milieu des quilles un globe pesant, et les Nymphes elles-mêmes qui cancanent au clair de lune sur le mont Cythéron n’ont pas plus de grâce que moi lorsque je danse à la fête du village aux sons de la musette à pistons. Tu seras ma sultane, mon Andalouse, mon Albanaise au pied léger. Veux-tu me suivre ? de grâce, réponds-moi.
Chloé. — Adressez-vous à ma mère.
Daphnis, lui prenant la main. — Ah ! divine Chloé !
Chloé. — Eh bien, Monsieur !
Daphnis, voulant lui prendre la taille. — Oh ! délirante bergère !
Chloé. — À bas les pattes !
Daphnis. — Tu repousses ton époux ?
Chloé. — Vous ne l’êtes pas encore.
Daphnis. — Laisse-moi prendre sur tes lèvres un baiser.
Chloé, le repoussant. — J’entends du bruit…
Daphnis. — C’est ce bois qui murmure de joie.
Chloé, se débattant. — Berger, que faites-vous ?
Daphnis, l’embrassant. — Je cueille mon baiser ; que le miel en est doux !
Chloé, le souffletant. — Oui, mais l’abeille pique.
(La joue de Daphnis se gonfle ; la bergère s’enfuit derrière les saules. On les perd de vue tous deux. Artémidore sort de sa retraite.)
Artémidore. — Palsembleu ! Les Muses me gâtent. C’est évidemment pour moi qu’elles ont conduit ces deux indi-