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Page:Grandville - Cent Proverbes, 1845.djvu/63

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POUR AVOIR LES POUSSINS.

lonne du sang d’artiste… Qui, moi, je végéterais ! J’emploierais éternellement mon existence d’homme à crêper et à poudrer des crinières !… Pitié !… J’aime l’art en grand, il me faut la carrière du ténor… J’ai l’ut ; oui, l’ut

Oh ! Mathilde, ido !…


Une sonnette se fait entendre à l’extrémité de la rue.

— On y va ! s’écrie le coiffeur de l’avenir.

— Arrête, oh ! arrête, dit Euphrosine ; plus qu’un mot…

Mais Zéphyrin ne l’entend plus ; il est déjà dans la rue, il lève en l’air ses deux perruques, et les secoue d’un mouvement frénétique en criant : « Hourrah ! »

— Il m’aime encore ! se dit Euphrosine ; mais comment accorder ces preuves d’amour avec ce qu’il est pour madame Louchard ?… Zéphyrin, Zéphyrin, mangeriez-vous à deux râteliers ?

Cependant, malgré cette idée, la journée fut meilleure pour Euphrosine qu’elle n’aurait cru. Mais que devint-elle, et quelle nouvelle secousse, lorsque madame Louchard, rentrant vers quatre heures, dit en traversant la boutique : — Je vais ce soir aux Folies-Dramatiques avec Zéphyrin !

À ces mots, le corset qu’Euphrosine achevait lui tomba des mains. Ses yeux se fermèrent ; elle fut sur le point de s’évanouir ; mais elle pensa que ce serait assurer le triomphe de sa rivale, et parvint à reprendre son sang froid et son corset.

À six heures précises, un fiacre s’arrêta devant la boutique ; c’était encore l’Amour ; mais cette fois, l’Amour