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TROUVE SON NID BEAU.

Colette les comprend ; car Colette est filleule d’une fée. Elle peut parler avec les oiseaux, comme le Petit Chaperon Rouge s’amusait le soir à causer avec les rouges-gorges le long des buissons.

La fauvette disait au moineau :

— Regarde mon nid, comme il est gracieux et doux, suspendu entre ces deux bâtons qui soutiendront ma couvée ! Ce sont les doigts de Colette qui ont préparé la laine sur laquelle s’étendront mes petits. Je ne crains ni le hibou qui loge à ton côté, ni le chat qui rôde sur la gouttière, ni la pluie, ni l’orage, ni le vent. Il n’est pas de nid plus beau que le mien.

Le moineau répondait à la fauvette :

— J’ai ramassé les fleurs fanées que Colette laisse tomber chaque soir de ses cheveux, et avec leurs tiges entrelacées j’ai bâti mon nid ; je l’ai garni avec le duvet dont le printemps couvre les jeunes saules. C’est un abri sûr et impénétrable, d’où ma famille s’élancera pleine de force et de gaîté. Mon nid est celui d’un oiseau libre, il est plus beau que le tien.

Du haut du toit, une hirondelle éleva la voix :

— Vous ne savez ce que vous dites, gazouillait-elle aux fauvettes et aux moineaux. Mon nid est fait de ciment comme une forteresse ; les architectes les plus habiles n’ont rien à lui comparer pour la hardiesse de sa construction ; le soleil le dore le premier à son lever, et son dernier rayon s’arrête sur lui avec complaisance. Mon nid est le plus beau de tous les nids.

Colette écoutait tous ces discours en souriant.

— La fauvette, disait-elle, s’endort sur la laine que je