Les indigènes ont une façon de s’emparer des perdrix tout à fait primitive et ingénieuse. À cheval et armés d’un long bambou, mince et léger, à l’extrémité duquel est fixé un nœud coulant fait avec une plume d’autruche qui, en raison de son élasticité, reste rigide et tendu, ils longent les collines ; quand ils aperçoivent une perdrix, ils s’en approchent en ayant l’air de ne pas y faire attention, ou en décrivant des courbes concentriques, allongent lentement le bambou, placent le lacet devant le gibier, et au premier mouvement que celui-ci fait pour avancer, relèvent la canne, comme un pêcheur à la ligne : le nœud coulant se ferme, et le volatile est pris. Cette chasse exige quelque dextérité, mais elle est des plus fructueuses ; elle est plus entraînante que celle au fusil ; ensuite les estancieros n’aiment pas que l’on tire des coups de feu dans leur campo, sous prétexte que le bétail s’enfuit et se disperse effrayé par les détonations.
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