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Page:Gras - Trois ans dans l'Amérique du sud, 1883.djvu/213

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L’Urugay.

à haute voix, lui enlace les pattes de derrière, lui fixe à la mâchoire inférieure, entre les molaires et les coins, une forte et souple lanière de cuir qui servira de brides ; l’animal est sellé avec les plus grandes difficultés, car ses ruades et ses soubresauts sont nombreux, il est détaché du poteau, deux gauchos le maintiennent de leurs bras vigoureux, les jambes sont débarrassées de leur entrave, le dompteur saisit les brides et saute en selle ; à ses pieds pendent d’énormes éperons en fer, ses camarades s’écartent, et alors commence la lutte entre l’homme et la bête, lutte remplie de péripéties. Le cheval s’obstine à ne pas vouloir avancer, il trépigne, rue, se cabre sur place et cherche à saisir la jambe de son ennemi, pour le mordre ou l’arracher de son dos. Mais le dompteur a l’œil au guet et épie tous les mouvements de l’animal, il lui enfonce les éperons dans le ventre, lui cingle les reins de sa cravache ; celui-ci s’élance dans la plaine, croyant par une course furieuse pouvoir se débarrasser de son fardeau