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L’Urugay.

bois tendre et long de dix à quinze centimètres. Las des courses de la journée, je priai l’hôtesse de m’indiquer ma chambre. J’ouvris une fenêtre pour prendre le frais, et tout en aspirant la fumée d’un charuto brésilien, je donnais cours à mes pensées. Le souvenir de ma famille, de mes amis, mon voyage, le Cap Vert, Rio, l’éloignement de mon pays natal, deux mille cinq cents lieues, me plongèrent dans une mélancolie rêveuse, et machinalement je lançais dans les ténèbres, la fumée de mon puro de Bahia. Bientôt mes paupières s’appesantirent et je songeai à me reposer des fatigues d’une longue navigation ; je laissai la fenêtre ouverte et me jetai sur mon grabat.

Des démangeaisons inconnues me réveillèrent bientôt, et de légers susurrements significatifs me firent connaître qu’une armée de moustiques s’acharnaient sur mon corps et se disputaient mon sang. Je me lève, allume une bougie pour châtier mes ennemis, mais en vain ; semblable