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Page:Gras - Trois ans dans l'Amérique du sud, 1883.djvu/62

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Aventures, Chasses et Mœurs.

Rio, aussitôt un employé de la douane fut installé à bord, pour empêcher la contrebande ; les Paraguayens entamèrent conversation avec lui sans dévoiler leur nationalité ; et au récit horrible des résultats de la guerre, leur cœur se brisa, et l’amour de la patrie leur fit verser des larmes.

Aucun peuple, je crois, n’aime sa patrie comme le Paraguayen, et pourtant le Président Lopez était le chef le plus infâme. Des Paraguayens eux-mêmes m’ont avoué que, lorsque des soldats du tyran, faits prisonniers par les Brésiliens, s’échappaient et venaient, par amour de leur pays, lui offrir de nouveau leur sang, il les faisait fusiller. Pourquoi ? Parce qu’ils s’étaient laissés prendre ! Au moindre soupçon d’infidélité, il faisait battre ou passer par les armes, frères, sœurs, amis, amies, et pourtant on l’aimait, et pourtant on se faisait tuer pour lui ! C’était le Dieu des Paraguayens, d’ailleurs lui-même est mort en brave, traqué par les