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des salariés est d’obtenir un salaire plus élevé pour moins de travail, plus de liberté à l’atelier.

L’intérêt du trafiquant est de vendre le plus cher possible, de tromper l’acheteur sur la qualité des marchandises, l’intérêt des parasites qui ont su se glisser comme intermédiaires dans les rapports entre consommateurs et producteurs est de faire croire à la réalité des services qu’ils sont censés rendre et d’en tirer le plus de profits.

Il n’y a pas, jusqu’au médecin et pharmacien qui ne désirent leur petite épidémie, lorsque les affaires baissent.

Dans les administrations basées sur la hiérarchie, l’intérêt des subalternes est la disparition des supérieurs dont ils convoitent la place. Jusque dans les familles où l’intérêt des héritiers est de voir se réaliser, à bref délai, les « espérances » que l’on a fait entrer en ligne de compte dans les contrats négociés pour les accouplements que l’on a maquignonnés.

Les rapports entre individus ne sont pas en vue d’une aide mutuelle, mais des trocs où chacun cherche à « enfoncer » l’autre.

Tout cela, il est vrai, est masqué par un vernis de conventionnalisme qui transforme en paroles onctueuses d’amour, d’amitié, de déférence et de sympathie les appétits les plus féroces ; mais les rôles dont sont surchargés les tribunaux nous indique combien le vernis est léger et que, souvent, lorsque les « espérances » sont trop longues à se réaliser, d’aucuns savent leur donner le coup de pouce.

Nos sociétés bourgeoises sont l’exemple le plus parfait de cet individualisme outré qui, posant l’individu au-dessus des contingences, réclame pour lui les droits les plus absolus sans tenir compte des droits des individus.

Trop longtemps les sociétés ont été détournées de leur but ; elles doivent revenir au rôle pour lequel elles ont été instituées : apporter plus de bien-être, plus de facilités au développement des individus, plus de liberté en diminuant le temps consacré à la lutte pour l’existence.

Pour arriver à cette société, résultat de l’entente libre des intéressés, nous voulons que tout ce qui est sol,