Aller au contenu

Page:Grave - Enseignement bourgeois et enseignement libertaire, 1900.pdf/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 12 —

Il en est de même, du reste, pour le travail des adultes. Autant sont dures et longues les minutes que nous passons au travail imposé, autant passent vite et légères les heures consacrées au travail qui nous agrée, choisi par nous.

Apprendre à l’individu à se développer dans toutes ses virtualités, à agir selon sa nature, ses tendances, ses affinités, ses conceptions ; lui apprendre qu’il ne doit rien attendre en dehors de sa propre initiative, qu’il ne doit supporter d’autres entraves que celles amenées par les circonstances ; respecter les autres initiatives pour être à même de faire respecter la sienne, voilà le premier travail de l’éducation — et ce dont nous avons le plus pressant besoin.

Un autre point de l’enseignement rationnel, c’est celui de la coéducation des sexes. Là-dessus encore nous n’en sommes pas les promoteurs, puisque l’ami Robin l’avait accompli avec d’assez heureux résultats pour que le système ait survécu à sa destitution.

Nous n’avons pas, du reste, la prétention d’avoir découvert l’Amérique. Nous savons que tout ce que nous pouvons dire, a été dit avant nous ; nous ramassons les idées éparses et essayons de les coordonner du mieux qu’il nous est possible. C’est encore une tâche assez belle. Il y en a si peu qui en soient capables.

Mais revenons à notre projet.

Donner aux filles et aux garçons l’habitude de se traiter en camarades, fera beaucoup plus pour l’émancipation de la femme que toutes les lois réclamées par les féministes. Beaucoup plus, surtout, que tous les prétendus droits dont ils veulent lui faire cadeau et qui ne sont que des attrape-nigauds.

L’homme en sait quelque chose pour en avoir assez usé pour son propre compte.

En bas âge, filles et garçons restent confondus dans les mêmes jeux. Mais, sitôt que commence à s’éveiller l’âge de raison, on les sépare et on les éduque à part, comme s’ils étaient d’espèces dissemblables, appelés à vivre d’une vie différente.

On ne leur dit pas, — mais cela ressort de toutes