Page:Grave - Enseignement bourgeois et enseignement libertaire, 1900.pdf/3

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ENSEIGNEMENT BOURGEOIS
ET
ENSEIGNEMENT LIBERTAIRE[1]


Camarades,

(C’est à dessein que j’emploie ce mot : camarade, qui, n’ayant pas de genre, exprime parfaitement ma pensée, en nous réunissant tous sous une appellation commune, supprimant les distinctions d’âge et de sexe qui ne doivent plus exister lorsque nous nous réunissons pour une œuvre d’étude ou de propagande.)

Donc, camarades,

Avant de vous dire ce que seront les cours dont cette réunion est l’annonce, il sera peut-être bon de vous faire l’historique de l’idée qui nous y a menés.

À différentes reprises, plusieurs d’entre nous avaient eu l’occasion d’entendre les doléances de pères de famille en quête, pour leurs enfants, d’une instruction saine et logique, et se plaignant de ne pouvoir trouver cela dans la société actuelle.

L’éducation, ce qu’elle est, ce qu’elle a été, vous le savez tous, et nous ne sommes pas les seuls à le reconnaître, — nombre de bourgeois des plus fieffés commencent eux-mêmes à en comprendre les inconvénients. — L’éducation, accaparée par l’État, ne pouvant se donner que sous son contrôle, ayant créé une caste à part de ceux qui sont chargés de l’enseignement, part de cette vérité originelle que l’homme est un être paresseux qui ne pense et n’agit que sous la pression du besoin, mais qu’ils ont trouvé le moyen de changer en erreur, en mettant des entraves à la satisfaction des besoins, et en venant substituer leurs volontés, et leurs méthodes, à celles du besoin lui-même.

  1. Lu par le compagnon Grave à la séance d’inauguration des cours d’enseignement libertaire, le 12 février, à l’Hôtel des Sociétés savantes.