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Page:Grave - Enseignement bourgeois et enseignement libertaire, 1900.pdf/8

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sensation, annonce l’ouverture d’une école de ce genre.

« Susciter les questions de l’élève, découvrir ses aptitudes pour les diriger, au lieu de mettre en présence un inférieur (l’élève) et un supérieur (le maître), faire que l’élève se sente une personnalité en face d’une autre en même temps que l’on ouvre son intelligence, exercer ses muscles à des travaux manuels qui le mettent à même de savoir se servir de ses membres ; réveiller son émulation par l’attrait de ce qu’on lui enseigne, et non par des récompenses ou châtiments toujours arbitraires », voilà ce que propose M. Demolins, voilà ce que nous voulons nous aussi, et que nous n’avons inventé ni les uns ni les autres, puisque déjà Mlle Dupont le pratique depuis dix-sept ans dans son école professionnelle, et que cela est pratiqué aussi en Angleterre, si nous en jugeons d’après les exemples que M. Demolins cite lui-même.

Seulement M. Demolins croit à la légitimité de la propriété individuelle, il est convaincu des droits du capital ; les énergies et les initiatives qu’il rêve d’éveiller, sont celles de ces manieurs de capitaux ne reculant devant aucune innovation lorsqu’il s’agit de leur faire rendre le maximum, ne se laissant arrêter par aucune considération sentimentale lorsque leur intérêt est en jeu et habitués à ne voir dans le personnel qu’ils emploient que des outils que l’on met au rancart lorsqu’ils sont brisés !

Ah ! si : M. Demolins croit en Dieu. Mais nous savons que l’amour de Dieu n’a jamais empêché personne de tondre saintement les brebis que lui confiait sa volonté toute-puissante. Aussi, M. Demolins nous préparerait-il une belle génération de jolis messieurs qui se chargeront de serrer la vis au prolétariat, si les événements, plus puissants que la volonté humaine, ne viennent changer le cours des choses.

C’est ce désir, ce besoin de sortir de l’enseignement abrutisseur de l’État, qui donna à quelques-uns de nous l’idée de chercher à créer un embryon d’école, où les enfants des camarades auraient trouvé une éducation saine et rationnelle.