Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/13

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tions humaines, ont entrepris la critique des institutions qui nous régissent, les ont analysées, se sont rendu compte de ce qu’elles valent, de ce qu’elles peuvent produire, et qui, de l’ensemble de leurs observations, déduisent des lois logiques, naturelles pour l’organisation d’une société meilleure.

Certes, ils n’ont pas la prétention d’avoir inventé la critique de l’ordre social ; d’autres l’avaient faite avant eux ; aussitôt que le pouvoir a existé, il y a eu des mécontents qui n’ont pas dû se gêner pour fronder ses actes, et si nous possédions les légendes que se transmettaient les humains avant de connaître l’écriture, peut-être y trouverait-on, déjà, des satires contre leurs chefs. On peut fort bien faire la critique de l’ordre de choses qui existe, sans être anarchiste, et d’aucuns l’ont réussie d’une façon que ne dépasseront jamais les anarchistes.

Mais ce que les anarchistes croient avoir fait de plus que ceux-là, de plus que les écoles socialistes existantes ou qui les précédèrent, c’est d’avoir su se reconnaître dans l’amas d’erreurs qui se dégagent de la complexité des relations sociales, d’avoir su remonter aux causes de la misère, de l’exploitation, et d’avoir enfin mis à nu l’erreur politique qui faisait espérer de bons gouvernements, de bons gouvernants, de bonnes législations, de bons dispensateurs de la justice, devant porter remède aux maux dont souffre l’humanité.

L’anarchie, étudiant l’homme dans sa nature, dans son évolution, démontre qu’il ne peut y avoir de bonnes lois, ni de bons gouvernements, ni de fidèles applicateurs de la loi.

Toute loi humaine est, forcément, arbitraire ;