Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/136

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Est-ce que ceux qui crèvent de faim maintenant peuvent avoir crainte de voir s'empirer leur situation ? Qu'importe la disparition du progrès à ceux qui ne le connaissent que par les souffrances qu'il leur apporte ? Ils ne peuvent en connaître la beauté puisque vous empêchez à leur cerveau de se développer ?

Si vous avez tant crainte d'un retour à la barbarie, conseillez donc aux repus de faire enfin quelques concessions.

Il y a d'un côté ceux qui produisent tout, et qui n'ont rien ; de l'autre ceux qui ne font rien et qui abusent de tout, et lorsqu'il s'agit de demander des concessions, c'est à ceux qui n'ont que l'infortune en partage que vous venez demander de nouveaux sacrifices !

Lorsqu'ils se lèvent pour réclamer leur droit à la vie, c'est à eux que vous conseillez de se tenir tranquilles, que vous demandez d'attendre encore, alors qu'ils vivent d'espérance et d'illusions, attendant que ceux qui possèdent tout, veuillent bien leur concéder un os à ronger !

Les privilégiés qui ont toujours joui de tout, qui n'ont qu'à souhaiter pour voir se réaliser tous leurs désirs, ne verront-ils donc jamais venir leur tour de faire enfin quelques sacrifices à cette fameuse loi du progrès dont ils se réclament si souvent ?

Le fameux Crésus qui, accablé de richesse, jeta son anneau à la mer, comme sacrifice au bonheur qui l'écrasait, si son offrande était plus que modeste, faisait tout au moins ainsi l'aveu de ne posséder qu'au détriment d'autres. Nos possédants actuels