Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/140

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mais ce qui nous fâche, c'est que vous fassiez toujours appel à la révolution. La violence, vous devriez le savoir, n'a jamais rien produit, n'a jamais rien su établir. Pourquoi ne pas y renoncer ? Pourquoi, au lieu d'en appeler à la force brutale, ne pas vous en rapporter à la persuasion ?»

D'autres, encore, nous disent :

«Vous voulez la liberté, comment pouvez-vous en appeler à la violence qui est essentiellement autoritaire ?»

A ces derniers, il est facile de répondre. La violence est autoritaire lorsqu'on l'emploie à forcer les gens à faire ce qui leur répugne. Mais si je l'emploie à me débarrasser des entraves que l'on veut me mettre, il me semble que je fais là, acte de liberté par excellence.

Quant aux autres, ce qui a contribué à leur ancrer cette idée dans le cerveau, c'est que nombre d'anarchistes, impatients de voir réaliser leur idéal de bonheur, désireux d'en avancer la réalisation qui leur paraît toujours trop éloignée, et croyant aller plus vite en prêchant la révolution, en ont fait le but unique de leurs efforts.

Et puis, il faut bien l'avouer, dans certains journaux aussi, quelques individus, plus exubérants qu'équilibrés, ont pu donner cette idée de l'anarchie par leurs appels à la violence sans rime ni raison.

Mais si l'anarchie ne repousse pas la violence, lorsqu'elle lui est démontrée être indispensable pour son affranchissement, elle n'en fait pas un système. C'est pour elle un moyen, discutable, comme toute chose, mais qui, en somme n'est qu'un point accessoire de l'anarchie et doit disparaître,