Aller au contenu

Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/147

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

prendre conscience de leurs droits, de leur rôle.

Nous ne savons que trop que la vérité ne se fait jour dans les cerveaux que très lentement, que ce n'est qu'en répétant sempiternellement une vérité qu'on arrive à la faire pénétrer dans quelques têtes.

Ce n'est pas à la révolte immédiate que nous voulons entraîner les gens. C'est la compréhension de ce qui leur est bon ou nuisible que nous espérons leur faire entendre ; c'est à la compréhension des révoltes futures que nous espérons les préparer. Nous cherchons à les amener à la conception claire et nette des choses, pour qu'ils sachent ensuite choisir la direction dans laquelle ils doivent s'engager.

«Mais si en temps de surexcitation, objecte-t-on, il arrive que les gens, prenant vos affirmations à la lettre, se révoltent, s'attaquent au pouvoir ou à la propriété de leurs exploiteurs, offrant ainsi, par une échauffourée inopportune, l'occasion à l'autorité d'exercer la répression et la terreur, ne sera-ce pas la faute de vos prédications ?».

Lorsque les foules se décident à user de la violence, c'est qu'il y a toutes sortes de circonstances qui leur en font une nécessité. Et alors, lorsque existe cette situation, de quel droit aller leur dire :

«Restez calmes, ne bougez pas, de peur de prêter le flanc à la répression ; continuez à supporter vos maîtres, peut-être votre patience, les touchant, finira-t-elle par les inciter à la charité ?».

N'est-ce pas là, plus véritablement, faire le jeu des exploiteurs, en énervant continuellement la volonté et l'énergie de ceux qui veulent s'émanciper ?