Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/175

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les individualités ! Et cela ne relève plus que de la morale individuelle.

Chacun agit comme il l'entend, comme il peut. Si ses façons de procéder sont en contradiction avec l'ordre de choses établi, c'est affaire entre lui et les défenseurs du code à s'expliquer.

Mais lorsqu'on prétend accommoder une certaine façon de vivre à un certain ordre d'idées ; lorsque certains cherchent à revêtir, du manteau de la propagande, des actes accomplis pour leur propre conservation personnelle, nous avons le droit de dire notre avis là-dessus.

Je sais bien que «l'idée», la «propagande,» ce ne sont que des abstractions de notre cerveau, mais ces abstractions désignent une façon de penser, un mode d'agir, et lorsque l'on prétend y rattacher d'autres façons de penser et d'agir, cela nous donne le droit de les discuter.

Pas plus que je ne suis solidaire du financier qui rafle les millions en accaparant les objets de nécessité qu'il nous revendra ensuite au prix qu'il lui plaît, je ne me sens de sympathie pour celui qui va cambrioler les chambres de bonnes, ou attendre, le samedi soir, l'ouvrier qui s'est attardé, à la sortie de la paie, à boire un coup avec les camarades.

«Mais» reprennent les partisans du vol, «voler le bourgeois, n'est-ce pas reprendre ce qui vous appartient ?».

Voler le bourgeois, cela c'est de la phrase. Il est évident que voler un bourgeois, c'est plus profitable que de voler un prolétaire, mais lorsqu'on en arrive à pratiquer le vol, on vole ce que l'on peut, et non pas ce que l'on veut. Et s'il n'est pas commode, souvent,