Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/207

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

où étaient les chefs : les Danton, les Marat, etc ? Éclipsés, la foule est soulevée. On sait que l'obstacle c'est le roi, son entourage. Un cri part des rangs : Aux Tuileries ! — Et la foule se rue sur la maison royale, passe sur le ventre des gardes du corps et des Suisses, défonce les portes, force le roi à se constituer prisonnier de l'assemblée nationale qui ne s'en dessaisira que pour le livrer à l'échafaud.

A ce moment-là personne ne commandait. Celui qui eut la compréhension plus vive ou plus nette des choses, indiqua où il fallait frapper, ne faisant que préciser, ce que toute la ville sentait.

En ces moments l'individu ne compte pas, c'est l'inspiration que l'on suit. La meilleure preuve, c'est que, l'action passée, on ignore d'où est venue l'initiative. Elle était dans l'air.

En 1830, 1848, le 18 mars 1871, à chaque date, c'est la victoire de la foule anonyme qui descelle les pavés, renverse ceux qui l'oppriment, va elle-même où il faut frapper, et n'est vaincue que de l'instant où, ivre de sa victoire, elle est assez bête de confier sa direction à des chefs qui hésitent, tergiversent, brisent son impulsion, alors qu'elle attend la leur, et n'ont plus qu'un but, remettre sur ses épaules, le licou qu'elle vient de briser.

Cela me rappelle d'autres faits moins saillants, mais tout aussi probants qui se passèrent pendant la période révolutionnaire de 70-71.

Tout le monde connaît l'avortement piteux du