Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/213

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elle se localisait, elle ne tarderait pas à être vaincue par la coalition de toutes les forces bourgeoises qui n'ont plus de frontières lorsque leurs intérêts sont menacés. Il faudra que chaque gouvernement ait assez à faire chez lui pour qu'il n'ait pas loisir de mettre le nez dans ce qui se passera chez ses voisins.

Cette lutte universelle, ce sont les événements qui doivent l'amener. Aux hommes d'initiative à savoir en profiter. La misère sévit partout, le mécontentement est général. Loin de s'amoindrir, cela ne peut que s'accentuer.

Nous souffrons de misère parce que les magasins regorgent de produits, et le développement de l'outillage mécanique ne peut qu'accélérer encore les mauvais effets de l'organisation sociale actuelle. Les actes de révolte se multiplient en toutes les contrées, et le seul remède que, jusqu'ici, on ait su y apporter, sont des lois restrictives, remède peu propre à guérir la misère.

Les bourgeois eux-mêmes commencent à reconnaître que leur état social a besoin d'être rafistolé, qu'il aurait besoin de céder quelque os à ronger aux réclamations ouvrières ; mais comme ils ne peuvent donner rien d'efficace sans toucher à leurs privilèges, ce à quoi ils ne peuvent se résoudre, ils en sont réduits aux expédients et à forcer leurs gouvernants à faire de la réaction.

Ils accélèrent ainsi le mouvement de mécontentement. Nombre d'entre eux sont entachés plus ou moins des idées nouvelles. Leur désintéressement ne va pas à s'en faire les champions bien dévoués ; nombre savent se reprendre lorsque cela va trop