Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/222

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Mon ami regardait l’avocat-général, s'il allait parler de son cas, mais l’autre ne bougeait ! Alors se levant :

— Moi, j’en ai à présenter, je les ai expliquées dans une lettre à M. le procureur-général. Si vous voulez la lire.

— Non, expliquez vos raisons, vous-même, fit le président.

— Eh bien, mes raisons, les voilà. Ne croyant pas en Dieu, je ne puis prêter serment sur ce monsieur que je ne connais pas. De plus, convaincu que la société ne faisant rien pour prévenir le mal, je ne lui reconnais pas le droit de juger et de punir. Raisons, suffisantes pour moi, de refuser d’être juré.

On peut juger de l’effet de cette déclaration au milieu de ces gens qui s’imaginent remplir une fonction sociale.

— Cela, fit le président, en consultant l’avocat- général, n’est pas une excuse suffisante.

L’ami s’inclina, et attendit le tirage au sort. Mais, chaque fois que sortait son nom, l’avocat- général s’empressait de le récuser. Il n’y eut que le dernier jour, son nom sortit encore et l’avocat-général ne faisait pas mine de le récuser.

— Pardon, monsieur le président, mais les rai- sons qui, jusqu’ici, m’ont fait récuser, existent toujours.

Le président eut un geste qui signifiait que du moment que l’avocat-général n’opposait pas son veto, il n’y pouvait rien.

— Oh, je vous dis cela, vous savez, c’est parce