Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/23

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claves, mais un échange mutuel de services entre égaux.


Le savant, lui-même, qui considère la science comme le plus noble emploi des facultés humaines, doit apprendre qu’elle n’est pas un domaine privé réservé à quelques initiés pontifiant devant un public d’ignorants qui les croient sur parole. Et que en sciences comme en art et en littérature, les facultés de jugement, d’observation et de comparaison ne diffèrent pas de celles employées à des occupations que nous considérons comme plus vulgaires.

Malgré la compression intellectuelle qui pèse depuis tant de siècles sur l’humanité, la science a pu progresser et se développer, grâce à l’esprit critique des individualités réfractaires aux enseignements officiels, aux conceptions toutes faites. Elle doit donc être mise à la portée de tous, devenir accessible à toutes les aptitudes, afin que cet esprit critique qui l’a sauvé de l’obscurantisme, contribue à hâter sa pleine floraison.

La science se fragmente en tant de branches diverses, qu’il est impossible au même individu de les connaître toutes en leur intégralité, la durée de l’existence humaine ne suffisant plus pour qu’un homme puisse acquérir assez de notions pour pouvoir les étudier dans leurs moindres détails.

Pour les étudier, il est forcé de s’en rapporter — à condition de savoir les critiquer — aux travaux de ses devanciers, et aussi de ses contemporains. C’est de toutes les connaissances humaines que ressort la synthèse générale ; ce que nous savons aujourd’hui, n’est qu’un moyen d’acquérir les connais-