Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/255

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corporative, mais ils ont totalement méconnu celle de classe. Et c’est là où ils ont péché.

Parce qu’ils arrivaient à allonger personnellement leur chaîne, ils se croyaient libres !

Erreur, l’émancipation individuelle ne peut être complète et durable tant que l’exploitation existe, tant qu’il y a une autorité pour réglementer vos actes.

Toute faute se paie, et c’est ce qui arrive en ce moment aux Trades-Unions anglaises. L’industrialisme a pris de l’extension, l’outillage mécanique remplace l’habileté de main, et rend nulles les restrictions de l’apprentissage, fournissant aux patrons la facilité de se passer des services des ouvriers, skilled, et d’avoir recours à ceux de l'unskilled.

Les bras se sont fait abondants sur le marché, les restrictions qui défendaient l’accès des corporations ont dû tomber une à une; aussi, battues en brèche, loin d’obtenir de nouveaux avantages, les Trades-Unions ont bien du mal à défendre ceux qu’elles ont acquis antérieurement. C’est ce qu’est venue démontrer la grande grève des mécaniciens de 1897-98.

Cette grève qui dura six mois, pendant laquelle on paya aux grévistes des salaires dont la totalité s’éleva à plusieurs dizaines de millions, donna la mesure de la puissance acquise par les Trades-Unions; mais aussi de leur impuissance devant le nouvel ordre de choses, puisqu’elle avorta et que les travailleurs durent se plier aux conditions patronales.

Les corporations avaient cependant senti qu’elles