Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/30

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Certes, il restera toujours des questions qui ne se résoudront jamais sans douleur et froissement : comme la question des enfants, le chagrin de celui chez lequel survit l’amour, et autres questions de sentiment. Mais ceci ne se réglera pas davantage par des règles préétablies ; bien au contraire, la contrainte ne fait qu’envenimer les difficultés. Ce sera aux intéressés à trouver la solution des différends qui les diviseront.

Tout ce que l’on peut désirer, c’est que s’élève suffisamment le niveau moral de l’humanité, pour que la bonté et la tolérance croissent et apportent leur baume cicatrisateur aux questions des passions humaines, qui, par leur nature, échappent au contrôle et à la réglementation.

La grande objection, derrière laquelle se retranchent les adversaires poussés jusque dans leurs derniers retranchements, c’est que l’idéal anarchiste est beau, certainement, mais bien trop beau pour pouvoir être réalisé, et que l’humanité ne sera jamais assez sage pour savoir l’atteindre.

Cette objection est spécieuse. Si personne ne peut dire ce que sera demain l’humanité, il n’y a pas de phases de son développement qui, si elle avait pu être prévue et annoncée aux générations qui la précédèrent, n’aurait pas manqué d’être trouvée, avec raisonnements à l’appui, tout aussi irréalisable qu’est supposé l’idéal anarchiste par ceux qui ne savent jamais s’abstraire du présent, ce qui se comprend, leur cerveau n’ayant pas encore accompli l’évolution qui doit faciliter le nouvel ordre des choses.

Tant que les individus croupiront dans la servi-