Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/65

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rance. Nous laissons au temps et aux événements le soin d’élaguer ce qui est impraticable, de réaliser ce qui peut l’être.


En nous montrant, là-bas, dans le lointain, une communauté de vues et de programmes pour nous entraîner à les aider à se substituer aux gouvernants actuels, les socialistes me font l’effet de ce charlatan de la fable qui demandait du temps pour apprendre à parler à un âne :

« En dix ans », disait-il, « l’âne, le roi ou moi sera mort ».

Les socialistes pourraient me répliquer que c’est nous qui, en n’avouant n’espérer que du temps la réalisation complète de notre idéal, tenons le rôle du charlatan qui comptait sur la mort des intéressés pour être dégagé de sa promesse.

Mais nous avons cette différence d’avec eux que nous ne nous engageons nullement à faire le bonheur de qui que ce soit ; nous ne demandons aucun avantage personnel. Nous serons morts, fort probablement, avant d’avoir vu la réalisation complète de notre idéal. Mais nous aurons conscience d’avoir fait tout ce qu’il était en notre pouvoir de faire pour approcher de cette réalisation.

Nous savons que l’individu vraiment humain ne sera complètement heureux et émancipé, que lorsque tous, autour de lui, seront libres et heureux. Nous savons que cette émancipation ne peut se faire qu’à condition que ses bienfaits s’exercent sur tous à la fois, voilà pourquoi nous repoussons